La Mure vers 1900

- Le Breuil
- La place des Casernes
- La rue des Fossés
- Grande Rue
- La rue du Nord
- La Place Auguste Perret
- Le Rondeau
- Vieille église
- Rue des Alpes

LE BREUIL

En 1624, Lesdiguières concéda aux consuls les fossés "vacants et en friche" ce qui permis de créer deux larges voies, le Breuil et les Fossés. Mais il fallut attendre 1750, la création de la voie royale de Grenoble à Gap pour voir les constructions se développer le long de ces deux rues du côté extérieur à l'ancienne ville.
En 1903, pour améliorer l'écoulement des eaux, Chion-Ducollet demande à l'Etat de faire un projet de bordure de trottoirs et de caniveaux en pierre de taille (calcaire de Laffrey), sur la route nationale dans la traversée de la ville. La dépense est de 22 000 francs, moitié Etat, moitié commune mais celle-ci peut en faire payer la moitié par les riverains. Ce travail est réalisé en 1904 (et non en 1924, comme le rapportent, en "copier-coller", tous les écrits sur la Mure.).

Le pied du Breuil

Plusieurs cartes postales représentent le marché au pied du Breuil, les 3 photos ci-dessous sont contemporaines, entre 1904 (bordures de trottoir) et 1911 (rails). On voit les vaches et les boeufs attachés le long des murs près des nombreux cafés. Cet emplacement, "qui est affecté à cet usage depuis un temps immémorial", a eu du mal à être délocalisé. Après plusieurs tentatives c'est en 1930 sous le mandat du docteur Ricard qu'il a été décidé d'installer le marché aux vaches et aux boeufs le long du mur des Capucins. La raison invoquée n'est pas celle de l'hygiène mais la liberté et la sécurité de circuler sur la route nationale 85 trop encombrée les jours de marché. Un tiers des conseillers a demandé un vote secret : 12 voix pour, 7 contre.


Une carte identique est datée du 16 août 1906, on peut admettre la date de prise de vue en 1905.




Les deux photos ci-contre, de la vie ordinaire, sont de la même période.
A remarquer les cultures sur les flancs de Cimon.
La maison à l'angle de la rue de l'église avec l'escalier (point jaune) sera démolie pour le passage du train.



Une belle photo non datée mais datable 1904.
C"est probablement "l'Echo de la Matheysine", société musicale municipale devenue harmonie en 1900, qui joue sur la chaussée.

Le père Eymard

Pierre-Julien Eymard est né au N°67 (point rouge photos ci-dessus) le 4 février 1811 et il est mort le 1er août 1868. Son père avait installé un moulin d'huile de noix au N°69 (point bleu).
Aujourd'hui une plaque est posée au dessus de la porte du N°67 et une exposition est visible dans la partie droite du N°69.

La maison Dellorensi





En 1905, la maison Dellorensi, à l'angle des Fossés et de la rue de l'église, est rehaussée de 2 étages et devient un bel immeuble moderne. La photo est prise le jour de l'inauguration. Si l'on en juge la surcharge sur les balcons, l'entreprise Court a fait un bon travail !
(L'avenue Docteur Tagnard est baptisée en 1912 par la municipalité Second dès la chute de Chion-Ducollet.)

La maison en face qui n'est pas dans l'alignement du Breuil avec son escalier extérieur sera démolie pour le passage du train comme nous allons le voir.




Le passage du train

Le projet d'un train La Mure-La Salette en 1903 prévoyait de contourner la ville par le sud. Chion-Ducollet, vent debout contre ce projet pour de nombreuses raisons, en premier pour ce parcours : "La Mure, on la contourne comme une pestiférée". Un tunnel sous Payon était une autre alternative.
Pour la ligne La Mure-Gap la municipalité émettait le voeu d'un passage par la ville :"le Conseil Municipal se préoccupa surtout de la halte de l'hôtel de ville et de la station du pied du Breuil, dans l'intérêt du commerce murois" C'est ce trajet qui a été choisi malgré les problèmes posés par la cohabitation des différents moyens de transport, les trains marcheront à la vitesse d'un homme au pas accéléré et pourront être arrêtés instantanément en cas de nécessité absolue .
Le virage pour passer du Breuil à l'étroite rue de l'église à angle droit a nécessité la démolition de deux maisons, celles-ci devaient exister avant l'ouverture du Breuil, cet endroit est construit sur le plan de 1751, la maison à l'escalier extérieur n'est pas dans l'alignement.
Nous ne connaissons pas de photo de la station construite à la place des maisons détruites, les souvenirs récoltés concluent à un abri en bois, ouvert au sud, entouré de bancs (appel à photos ou souvenir précis ?)


Les rails posés dans le Breuil, un piège pour les descentes en vélo !







En janvier 1933, une automotrice pousse un chasse-neige.







Un détail d'une carte postale antérieure à 1905, de bas en haut, la maison Dellorensi avant rehaussement, la rue de l'église, la maison préexistante au Breuil, hors alignement qui sera démolie pour le passage du train, la cour, la maison Ruelle comme on peut le voir sur le plan d'alignement ci-dessus.





voir plan agrandi

Le plan d'alignement de 1911 prévoie le passage du train.




Un autre détail agrandi d'une carte postale pour montrer les deux maisons à démolir, côté rue de l'église. En face la maison Dellorensi avant 1905.


Additif 2021


Un article très documenté de Guillaume Benoist dans le numéro 26 de Mémoire d'Obiou éclaire ce paragraphe :
Halte au train !
Amour et désamour du chemin de fer traversant La Mure

pages 63 à 72.


D'autre part Guillaume Benoist a retrouvé une vue partielle de la petite gare en arrière-plan d'une photo prise lors des obsèques des 8 mineurs tués en 1946.
Détail de cette photo ci-contre.





La partie centrale





Vue du Breuil sur la fontaine et la rue Croix Blanche.
La maison sur le Breuil a été construite en 1788 avec deux contraintes d'alignement : 15 pieds (4,87 m) pour la rue Croix-Blanche, 48 pieds (15,6 m) du mur de soutènement à l'est du Breuil.








Cette photo est prise de la place des Casernes un jour de marché, la présence de la fontaine la date d'avant 1905.


André Demander nous a fait parvenir la photo suivante, très intéressante car prise du même angle mais quelques années plus tard puisque la fontaine n'existe plus. l'ambiance du marché est la même et les vaches toujours alignées devant les cafés.

On peut remarquer qu'un café a changé de propriétaire et qu'un autre a été remplacé par une pharmacie.

On peut dater cette photo un peu avant 1910 car le café (à gauche du point jaune) ne semble pas avoir encore été repris par Ferdinand Déchaux qui en fit le "Grand Café", le point jaune marque la porte qui mène à l'arrière du café ou Ferdinand Déchaux ouvrit en 1913 le premier cinéma qui deviendra parlant en 1932 et un jardin avec des terrains de jeux de boules (photo ci-dessous). Ce grand café a été ensuite repris par Louis Bonnois en 1937. Ce cinéma, qui a fonctionné jusqu'au début des années soixante, pouvait recevoir 300 personnes, il avait deux balcons munis de deux rangées de sièges. Il existe toujours hormis l'arrière-scène transformée en logement, il mériterait d'être restauré.


Remarque : on voit sur les photos la présence de nombreux cafés, le "Grand annuaire de 1891" mentionne :
- 9 Aubergistes
- 26 Cabaretiers
- 17 Cafetiers




On peut dater de 1912 cette belle carte postale montrant le café Déchaux du fait de la présence du petit garçon à gauche repéré par le rond noir sur son chapeau, c'est Auguste le fils de Louis Bonnois (voir place des Casernes). Ce n'était pas encore le "Grand Café" et il n'y a pas encore mention du cinéma. (Auguste Bonnois reprendra plus tard la charcuterie et c'est son frère Louis qui gèrera le Grand Café.)



A l'arrière du café Déchaux, les jeux de boules.


La partie haute


Photo prise à côté de la bascule, vers 1910.

Une construction hors style murois

Au n°7, on trouve une maison construite en ciment moulé comme cela a été amplement utilisé à Grenoble aux beaux jours de "l'or gris". Elle se distingue des autres constructions de La Mure d'autant plus que sa façade est perpendiculaire à la rue ce qui forme une toute petite place. Les deux photos ci-contre montrent les colonnes, la frise d'hexagones, les bandeaux ornés de fleurettes... (Date de construction ?)

Pour ceux qui veulent en savoir plus :
Sur le cinéma à La Mure : Isabelle Lazier, Chronique des cinémas de montagne, Mémoire d'Obiou N° 3, 1998, pp. 96 à 111.
Sur le train : Guillaume Benoist, Halte au train ! Amour et désamour du chemin de fer traversant La Mure, Mémoire d'Obiou N°26, 2021, pp 63 à 72.


Le Dauphiné Libéré du 7 décembre 2020


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