Géologie

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UNE CONFIGURATION EXCEPTIONNELLE


"[...] le magnifique arc du calvaire de La Mure qui est certainement un des plus beaux vallums que l'on puisse trouver en France, avec celui d'Ancelle [...]"
Guy Montjuvent
Vallum = terme de la morphologie glaciaire, synonyme d'amphithéâtre.

Le glacier est un efficace paysagiste, il agit de plusieurs façons :
- par érosion chimique, les eaux sous le glacier sont très froides et leur viscosité élevée, elles ont un pouvoir d'érosion supérieur à celle d'un torrent.
- par érosion mécanique, les eaux transportent une grande quantité de sable, les vitesses d'écoulement peuvent être localement importantes ce qui engendre des érosions intenses (polis, chenaux, gorges, marmites de géant, etc.)
- Par défonçage pendant les avancées. Il est fondé sur la puissance du glacier qui pousse devant lui les fragments rocheux encombrant son passage. Il accumule devant lui un bourrelet morainique.
- par transport de quantité de blocs de toutes dimensions venant des abords du parcours du glacier et qui viennent, en bout de parcours, enrichir les moraines en cours de formation.

Pendant l'intermédiaire Riss-Würm la morphologie de la partie sud de la Matheysine avait été dessinée par le recul du glacier du Drac, pas de moraines comme aujourd'hui mais une descente en légère pente de Laffrey au Drac, la Bonne passait à l'emplacement de Payon et se jetait dans le Drac vers l'emplacement de Ponsonnas.

C'est la qualité de défonçage du glacier qui débouche de Pont du Prêtre qui va créer une dépression, dans laquelle il va s'installer, entourée d'un épais rebord morainique qui sera en plus alimenté par les nombreux blocs transportés sur le dos de la glace. Ce travail de bulldozer a été facilité par les sédiments meubles et encore gorgés d'eau, les argiles du Trièves du lac du Trièves qui remontait jusque là.

Aujourd'hui il nous reste une moitié de cet arc morainique, il est constitué par les trois collines : Péchot, Payon, Les Mas. Leurs parties sommitales planes (traits blancs épais) sont à 930/940 mètres d'altitude. Le glacier était donc à son niveau maximum quelques dizaines de mètres plus haut puisqu'il devait déborder ses moraines et que celles-ci se sont un peu tassées et étalées depuis leur formation.

Ce contexte géomorphologique a été favorable à l'implantation de population avec une protection côté nord et une exposition idéale et dégagée est à sud. On a retrouvé les traces d'une construction néolithique pérenne (2340 à 1921 avant JC) située sur la partie basse de Péchot près de la Jonche (le point jaune sur la photo) et des traces de passage depuis 6000 avant JC.

Après un gros travail d'épierrage les sols morainiques sont beaucoup plus riches que les sols autochtones en lias calcaire argileux. Ils ont permis de nourrir pendant des siècles une population de plus en plus importante. Les blocs laissés par le glacier se trouvent aujourd'hui dans les remplissages des murs, la nature est parfaitement nettoyée, on ne retrouve aucun pierrier.

Le tableau ci-dessous de Charles-Emile Desmoulins fait en 1891, depuis Péchot, nous présente un site ou le moindre mètre carré est cultivé. Le Grand annuaire de l'Isère de 1891 nous donne à la Mure 300 propriétaires agriculteurs sur 3526 habitants, à Nantes en rattier 95 sur 585, à Souville 14 sur 145 et à Ponsonnas 85 sur 135.
Aujourd'hui ces cultures ne sont plus vitales, mais, comme on le voit sur la photo de tête, les parcelles sont toujours bien exploitées de façon moins morcelées.

De nombreux chemins et sentiers permettent de belles promenades dans cet amphithéâtre. Le VTT est un moyen très ludique de le parcourir, les efforts dans quelques raides montées étant récompensés par des descentes à sensations. On peut prendre le temps de méditer devant le panorama imprenable et dans un décor renouvelé par les saisons.

Il semble que l'on faisait autrefois la promotion du paysage murois si l'on en croit P. Berthier : "Par suite de cette situation privilégiée, au milieu d'un cadre des plus pittoresques qui, à certaines époques de l'année, la transforme en une féérie. La Mure est devenue le rendez-vous du monde touristique pour les belles saisons d'été et d'hiver."
Les responsables du tourisme devraient garder ces fondamentaux en mettant en valeur des promenades, en les commentant, en implantant quelques bancs et panneaux.

Deux photos prises du sud-est qui montrent bien la Mure au creux de l'arc et complètement ouverte sur l'est et le sud.
La première est prise des Garguettes. La seconde de Chalméane, un peu plus haut en altitude.




La conférence " La Mure sous les glaces" explique le refroidissement au cours du Tertiaire qui a conduit à la période glaciaire que nous connaissons depuis 5 Ma et la formation de notre amphithéâtre par le glacier de la Bonne à sa dernière extension.

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