"Si nous tenons à contempler un paysage dont le souvenir restera gravé dans notre mémoire par son imposante beauté et par sa variété, il nous suffit d'aller à la colline de Péchot qui se trouve à quelques cents mètres de La Mure. De là nous pouvons admirer les gorges profondes et sauvages du Drac mais surtout le splendide et grandiose panorama des sommets qui se dressent devant nous." P. Berthier
La limite du glacier de la Bonne qui recouvrait la Mure est donnée ci-contre en blanc, en trait plein sur les moraines existant encore
aujourd'hui (la moraine latérale du Calvaire - 940 m et la moraine frontale de Péchot - 928 m) et en pointillé ailleurs. Ce glacier
délimitait 3 lacs :
- le lac de la Mure (les marais) au nord alimenté par les glaces du glacier de la Romanche qui arrivait aux Bruneaux
- le lac du Beaumont alimenté par le glacier de la Séveraise et du Drac
- le lac du Trièves formé par le barrage de la vallée du Drac au niveau de Sinard par la moraine frontale du
glacier de la Romanche (la moraine de Sinard).
(voir la carte page glaciation)
La ville de la Mure s'est développée entre ces deux moraines. On trouve des dépôts
morainiques sur le flanc de Cimon sous Beauregard.
Pourquoi n'y a t'il pas continuité entre ces deux parties ?
Le déversoir du lac de La Mure
était le col de la Festinière, mais il existait des circulations sous-glaciaire entre ce lac et celui du Trièves
en suivant un trajet similaire à celui de la Jonche actuel représenté par le trait noir sur la photo ci-contre. Les apports
marneux et rocheux arrachés par le glacier n'ont pas pu se stocker dans ce secteur. On retrouve ainsi le calcaire
jurassique sur les affleurements le long du Boulevard Fréjus Michon.
Les moraines du glacier de la Bonne (photo) et du glacier de la Romanche (aux Bruneaux et à Sinard) délimitent
trois lacs glaciaires principaux. les pointillés représentent les Echarennes, point d'appui de l'extrémité de la
langue glaciaire sur le rocher.
Photo prise des flancs de Péchot.
La Mure construite au dessus de la Jonche dans le creux entre les deux moraines, au pied de Cimon
Entre Péchot et la rive gauche du Drac
Là, l'absence de moraine, aujourd'hui, a une autre cause. Le glacier et la moraine frontale venaient butter contre
la falaise en rive gauche du Drac. Ensuite, du fait du réchauffement et de la disparition progressive du glacier,
les eaux de fonte puis le Drac qui a recreusé son lit ont démantelé les dépôts. Depuis, le Drac s'enfonçant et ayant
retrouvé et recreusé le socle, la rive droite, constituée de terrains meubles s'est continuellement éboulée et éloignée du lit.
En allant à l'extrémité sud de la colline on arrive à une coupure de pente brutale et importante. Le Drac situé à une distance
de 1,25 km est plus bas en altitude de 430 mètres. Nous avons évoqué cette situation dans la page de
Cognet qui est situé sur un replat de cette zone pentue entre moraine et Drac.
On observe bien cette morphologie sur le chemin de Cognet
partant des Sagnettes, d'abord à plat puis en pente douce, on arrive à l'extrémité de la colline marquée par une forte
rupture de pente, ceci jusqu'au Drac.
Rupture de pente à l'extrémité sud de la moraine actuelle.
Une vue de Péchot côté est avec, en fond, Senépi.
Péchot, dans sa largeur, dans la partie détruite par les glissements de terrains en direction
du Drac. La crête est faite de niches d'arrachements. Très peu d'activité actuellement, les arbres
montent presque partout près du sommet.
Photo prise de la route de Cognet.
Bois Ribay - Les Echarennes
La falaise de Bois Ribay, en calcaire marneux du Jurassique (de bas en haut : Aalénien inférieur puis supérieur, Bajocien)
a été fortement contrainte par le poids du glacier. Depuis, elle se libère de ces contraintes au détriment de sa
cohésion dans un contexte équivalent aux Ruines de Séchilienne (les petits pointillés sur la photo Google).
Claude Beaudevin attribue l'érosion de Bois Ribay à l'écoulement des eaux du lac du Beaumont vers le lac du Trièves,
voir la page très
illustrée de son site concernant ce secteur.
La partie ruinée a fortement augmenté ces dernières années ce qui pose problème pour le maintien en état de la
route La Mure - Mens.
L'effondrement des Echarennes toujurs actif et en progression.
Photo prise de l'extrémité sud de Péchot.
Pour protéger la route un pare-pierres est construit en 1999, 5 ans plus tard il est insuffisant, on installe
un dispositif d'alerte, cette année 2012 on va prolonger le pare-pierres.
Une conclusion bien optimiste et prétentieuse : "pour apporter une solution définitive à ce risque naturel" !
Rendez-vous dans quelques années !
Les Arssays
La route de La Mure à Mayres est tracée après Prunières au lieu-dit les Arssays, sur près de 500 m, dans un versant d'éboulement. C'est la limite atteinte par le glacier dont les eaux de fonte ont commencé à creuser le marno-calcaire de l'Aalénien, se sont ajoutées les eaux d'écoulement du Lac de La Mure puis les eaux de la Jonche.
Les Arssays vus de Beauregard.
Pour ceux qui veulent en savoir plus :
Le site geol-alp :
- La Mure
- Cognet, Prunières, Saint-Jean d'Hérans
Le site geoglaciaire
- Les anciens lacs du Beaumont et du Champsaur
- La basse vallée de La Bonne
Décembre 2012, après l'allongement du pare-pierres.
Controverse ?
Nous avons gardé volontairement l'orthographe de Péchot des anciens (P. Berthier, L. Caillet, V. Miard...).
Ce mot, que l'on retrouve peu (c'est un patronyme, le nom d'un château...), semble avoir toute sa légimité, et comme la toponymie est loin d'être une
science exacte, on peut dire
puech, pech = colline, promontoire - ot = diminutif, on aurait donc une petite colline.
Pourquoi cette orthographe a évolué vers Péchaud (cadastre Napoléon), ce qui n'amène rien de plus et que penser de
cette envie de certains d'y rajouter un y ?
L. Cailler donne la représentation d'un Panorama de la Mure vu de la colline de Péchot où l'on trouve
un Peychaud dans la direction sud entre le rocher des Echarennes et l'Obiou. Il y avait peut-être
une raison à cette différence d'écriture.
Merci aux toponymistes de nous éclairer !