A Entraigues la Bonne change de direction, quitte le cristallin (1) et reçoit la Malsanne
venant du col d'Ornon (2).
La Bonne, longue de 30 km, prend sa source à 2 200 m au pied de l'Olan et rejoint le Drac en amont
du pont de Ponsonnas à 505 m. Une dénivellation de 1 695 m avec un profil régulier.
Elle reçoit en rive droite ses principaux affluents : le Béranger venant de Valsenestre à La Chapelle,
la Malsanne venant du col d'Ornon à Entraigues et la Roizonne venant du grand Armet à Pont Haut.
En voyant le cours de la Bonne qui se joue des roches qu'elle traverse aujourd'hui on se pose des questions :
depuis quand coule-t-elle ? Fait-elle partie du premier réseau hydrographique après l'émersion de la
région ? A-t-elle subi le soulèvement du Dauphinois. A-t-elle commencé son lit sur du sédimentaire
aujourd'hui disparu ?
On peut certainement dire que la Bonne était installée bien longtemps avant la période glaciaire. A l'arrivée
des premiers glaciers elle coulait dans un lit peu profond, à une altitude supérieure de plusieurs centaines
de mètres à celle d'aujourd'hui, dans une montagne plus monotone à faibles dénivelées
et encore peu déchiquetée.
Combien de glaciers ont aidé la rivière à créer une vallée aussi profonde ? Au fur et à mesure les
fonds de vallées perdent de l'altitude, par contre les sommets deviennent plus acérés du fait des
petits ravins affluents suspendus et montent en
altitude du fait de l'ajustement isostatique puisqu'ils subissent une bien moindre altération.
Aujourd'hui environ 1700 m de dénivelée entre le pic de Valsenestre et les Faures, entre l'Arcanier
et Gragnolet... La Bonne continue de creuser les roches qu'elle découvre sans se soucier de leur nature,
de combler les ombilics en aval du glacier qui se retire. Entre deux glaciations les torrents adjacents
créent des cônes de déjections, des pans de roches s'effondrent et créent des cônes d'éboulis.
En remontant la Bonne on voit que le plancher alluvial n'est pas continu, on trouve quatre principaux
paliers, petites plaines de colmatage : Valbonnais, la Chapelle, les Faures et en amont du Désert avec
des ruptures de pente à Entraigues au pont Battant, le Villard, la Chalp et le Désert.
Le verrou de Pont du Prêtre et l'ombilic de Valbonnais
Le premier de ces paliers est la plaine de Valbonnais, la plus importante de forme ovale (8 km de long sur
un peu plus de 2 km de large).
La plaine de Valbonnais en amont du verrou du Pont du Prêtre, la Bonne (points jaunes),
le plus important cône de déjection de Péchal (surchargé en blanc).
La carte géologique où nous avons surchargé les nombreux cônes de déjections et les cônes d'éboulis
qui recouvrent la plaine alluviale qui a été recreusée par la Bonne.
On lit que les verrous se produisent dans les roches dures, ce n'est pas du tout le cas dans ce resserrement de
Pont du Prêtre où nous sommes dans du Lias calcaire. Ce verrou est dû à la tectonique très particulière
du lieu (voir
Geol-Alp) qui fait que les strates sont perpendiculaires à la vallée ce qui augmente la résistance
à l'érosion alors qu'elles sont, au sud de l'ombilic, parallèles où elles ont été érodées et surcreusées.
Au retrait du glacier un lac s'est installé dans l'ombilic et s'est comblé d'alluvions, les bordures de
la plaine ont été recouverts par les cônes de déjection créés par les torrents adjacents et par des
cônes d'éboulis. Au centre la bonne s'est creusé un lit qui a été réduit en largeur par l'homme.
Le plan d'eau de Valbonnais n'a aucune relation avec cette histoire glaciaire, il a été creusé pour le
tourisme dans les années 1970.
Le verrou de la Chalp et l'ombilic des Faures
La Bonne rentre dans le cristallin au pont Battant à l'entrée d'Entraisgues et l'on arrive au palier suivant
à la Chapelle, le suivant en amont du verrou de la Chalp est plus important avec une plaine alluviale de la
Chalp à la montée sur le cône de déjection en-dessous du Désert.
Le verrou en dessous de la Chalp, la plaine alluviale a été à l'autre extrémité recouverte par le cône de déjection
du Désert. La faille séparant les deux blocs passe aux Faures (nous en parlons plus loin).
On voit les éboulements dans le granite qui
ont nécessité de modifier le parcours de la route.
Au-dessus de Pont Battant la Bonne coule dans les roches du Primaire, métamorphisées à l'Hercynien, du
rameau interne de Belledonne. Et du fait des nombreuses tectoniques subies nous avons une grande
variété dans une belle complexité.
Plus haut dans la falaise ou dans les vallons sdjacents on trouve des roches plus récentes : du carbonifère
houiller à Villard d'Entraigues et à Pré clos (exploités pendant la dernière guerre), du Permien aux Rouchoux,
du Trias (dolomie et spilite) et du Lias coincé dans les failles séparant les blocs.
Dans le guide géologique du parc des Ecrins, deux arrêts sont décrits :
- au pont Battant pour observer dans le lit de la Bonne les conglomérats métamorphiques en continuité
avec ceux que l'on a rencontré dans le vallon de l'Espalier au
pied de l'Armet.
- entre Gragnolet et La Chapelle au niveau du tunnel de l'ancienne route (stèle) pour les dalles
noires, formation de schistes quartzeux, gris sombre, très métamorphisés où l'on peut voir des
grenats.
La Bonne coule sur trois blocs
en aval du Désert et elle prend sa source sur un quatrième (page 2). En remontant le cours :
- Du bloc du Taillefer elle passe au bloc des Rousses aux environs d'Entraigues, la faille qui les sépare
bien visible dans la vallée d'Ornon se perd à son débouché.
- Aux Faures elle passe du bloc des Rousses au bloc du Chaillol (en vert sur la photo Google ci-dessus), la faille
qui les sépare est celle qui passe au col de la Muzelle et qui va rejoindre le linéament d'Aspres Les Corps.
Pour ceux qui veulent en savoir plus :
- Pages du site geol-alp :
Valjouffrey - Valsenestre : bassin supérieur de la Bonne
Valbonnais, Roussillon, Saint-Laurent en Beaumont
Valjouffrey aval : environs de La Chalp
- J.DEBELMAS, A.PÊCHER, J.C.BARFÉTY, Guide géologique du Parc national des Écrins et carte géologique,
BRGM.