Emile Gueymard, 1844 :
Marbres noirs de Corps
Ces marbres sont exploités depuis trois ou quatre ans par M. Bernard, marbrier à Grenoble. Le calcaire est d'un beau noir très rarement veiné, ce qui lui donne une préférence sur ceux du nord de la France.
On l'exploite aux Ravioles, au-dessus de Combe-Musarde ; il se trouve aussi à la Saboulenche, aux traverses de Corps et vraisemblablement sur d'autres points de la commune. Il y a lieu d'espérer que plus on s'enfoncera dans la carrière, plus il sera sain, quoique déjà il ne laisse rien à désirer.
La carte géologique et les différents lieux possibles d'extraction cités dans nos différentes références :
1 = Les Ravioles
2 = Chaboulanche (Saboulenche)
3 = La Traverse
4 = Pierre Tailla
Nous sommes dans le même contexte qu'à
Sainte-Luce, on recherche les affleurements de Lotharingien exploitables. On voit sur la carte géologique que les niveaux du calcaire plus ou moins argileux du Lias apparaissent au gré des plissements et des failles. Le Lotharingien apparaît en strates épaisses de l'ordre du mètre.
Il est bien difficile de savoir ce qu'à été l'utilité de ces "carrières"
Aux ADI, cote 2O129/8 on trouve quelques documents intéressants mais qui n'arrivent pas à répondre à notre question.
- Une lettre de Pierre Chuzin, en 1839, au préfet, pour lui demander la concession de terrains.
"Le sieur Pierre Chuzin, Carrieur, domicilié à Corps, a l'honneur de vous exposer que depuis six ans il s'occupe à chercher des carrières de marbre, de différentes qualités qu'il exploite. Depuis cing ans, dans le territoire de la commune de Corps, une carrière du plus beau marbre noir que l'on puisse trouver qu'il n'a pas encore mis à jour..."
Compte tenu des sacrifices qu'il a dû faire, il demande la concession.
- Un contrat, non avec le sieur Chuzin mais avec Etienne Bernard, marbrier à Grenoble, est signé le 25 septembre 1844.
le lieu : carrières de marbre sise à Corps aux mas des Ravioles et de Pierre Tailla
Bail pour 9 ans au prix de 20 francs par an.
le contrat mentionne :Art 2. Attendu qu'il n'y a en l'état aucune carrière ouverte et en état d'exploitation et qu'il s'agit de procéder à leur recherche au moyen de fouilles tout à fait éventuelles, M. Bernard pourra pratiquer et essayer ses recherches dans toutes les parties des communaux de Corps...
6 mois plus tard dont les mois d'hiver, il est dit, à la séance du 2 mars 1844 du Bulletin de la Société scientifique du Dauphiné, sous le rapport de E. Gueymard :
En 1843, M. Bernard, devenu concessionnaire de toutes les carrières communales de Corps, a entrepris de nouvelles recherche dans la montagne dite des Ravioles, et a été assez heureux pour y rencontrer des bancs qui l'emportent de beaucoup en qualité sur ceux qui avaient été découverts précédemment. Les veines blanches, qui se montraient çà et là à la surface, disparaissent peu à peu à mesure que l'on approfondit, et dans quelque temps l'on pourra extraire des blocs d'un noir parfait et de grandes dimensions. Les carrières de Corps et de ses environs fournissent annuellement 60 mètres cubes de marbre noir.
Etonnant, difficile de ne pas trouver comme pour le marbre de Valsenestre beaucoup d'exagération, après 6 mois de mauvaise saison, on parle des différentes carrières nouvellement ouvertes, d'une production annuelle, d'une future excellente qualité en s'enfonçant alors que l'on a toutes les chances de tomber sur une faille !
Sur le route Corps - la Salette après le pont de Gournier, dans le virage qui suit immédiatement on prend le chemin où les Ravioles sont clairement indiquées. Après un peu plus d'un kilomètre on arrive à une petite plateforme, lieu probable de la carrière (photo gauche ci-dessous) des strates sont horizontale mais aussi après une faille deviennent très pentées (photo). E Gueymard précise, qu'au lieu d'exploitation, les couches sont verticales.
Pour ceux qui veulent en savoir plus :
- Page Montagnes du Beaumont
du site geol-alp, montrant la répétition de la stratigraphie du Lias.
- ADI, 2O129/8 : lettre au
préfet de Pierre Chuzin et
Bail en 1844