Une photo à l'époque du fonctionnement de l'exploitation et en réduit une actuelle, le rond blanc marque l'entrée des galeries aujourd'hui grotte fermée. Il existe une autre galerie plus petite un peu plus loin à la limite de Siévoz et de Valbonnais.
Une cimenterie à côté de celle du Pont du Prêtre mais sur la commune de Siévoz, beaucoup plus modeste et qui n'a fonctionné que quelques années. Ses vestiges, entre la route et la Bonne, sont cachés par la végétation, et leur état ne permet pas de reconstituer le circuit de fabrication.
Le 15 mars 1871 Antoine Pelloux signe un bail avec la mairie de Siévoz pour "le droit d'extraire de la pierre à chaux ou à ciment de tous les communaux qui sont dans le versant de la Bonne à partir du vieux pont du Prêtre et jusqu'au village de Siévoz le bas. Bail de 5 ans pour 100 F/an. A-t-il fait grand chose pendant les 5 ans, il doit être bien occupé à développer sa concession de Pont du Prêtre ?
Un murois, Joseph Hours, banquier, investit dans le ciment sur la commune de Siévoz. En 1879, il a comme projet d'installer 6 fours. Dans sa demande d'installation, il explique que le gîte de ciment est très pentu puisque le dénivelé est de 70 à 90 cm par mètre.
Le calcaire est extrait et cuit à Siévoz, il est ensuite broyé à la Mure dans un ancien moulin à blé reconverti en moulin à ciment en 1880 (moulin Hours à la sortie de La Mure sur la route de Prunières).
J. Hours meurt le 24 septembre 1883, il a laissé beaucoup d'argent dans cette opération de même que ses actionnaires. Les investissements ne sont pas encore rentables, un syndic de la faillite est nommé en juin 1888.
L"entreprise est rachetée en septembre 1888 par la société "Guingat et Cie ". Jean-Pierre Guingat est un industriel, maire de Vif en 1870 et 71 puis de 1879 à 89. Il ouvre une nouvelle carrière et il rachète aussi les installations de l'autre côté de la Bonne sur la commune de Saint Laurent en Beaumont.
En 1894, le gendre de J-P Guingat, Augustin Rossignol, pharmacien de formation, reprend les affaires de son beau-père et dirige la société "Guingat et Cie deuxième du nom". En 1897 il s'associe avec Joseph Delamarche, ingénieur des mines, la société devient "Société Rossignol et Delamarche".
En 1912, la société Pelloux reprend les installations de Siévoz et Saint Laurent en Beaumont, seule la galerie de l'autre côté du pont des Ayes sur la rive gauche, sera exploitée. Un bail est signé avec la Mairie de Siévoz, pour 30 ans au prix de 1300 F/an.
On connaît mal les périodes d'activité, Anne Cayol-Gerin (article référencé en bas de page) arrête l'exploitation après le décès de J. Hours, c'est un peu tôt car, cinq ans plus tard, le repreneur J-P Guingat reprend l'entreprise en apportant probablement des modifications et des compléments.
Le contrat de la constitution de la "Société Rossignol et Delamarche" dit dans l'inventaire des apports d'Augustin Rossignol :
"Une carrière de ciment appelée carrière des Ayes, sise au mas des Cotilles, des Listes et des Versannes, ensemble maison, quatre fours, hangars, dépendances, sol, emplacement, chemin, terre, pré, pâtures, bois tallis et rochers, le tout de la superficie d'environ quatre hectares, soixante seize ares, quatre-vingt-quinze centiares."
La photo ci-contre qui est un détail agrandi de la photo de tête nous montre l'installation en-dessous de la route avec les rails pour sortir le calcaire de la carrière souterraine et l'accès pour les ouvriers.
L'éloignement des fours pose questions, la carrière au début, lors de la construction des premiers fours était peut-être un peu plus à l'est.
Sur la commune de Siévoz, de part et d'autre de la route D26 :
1 = carrière souterraine ; 2 = cantine ; 3 = logements et entrepôts ; 4 = fours.
1. Au-dessus de la route la galerie, aujourd'hui fermée, sert de refuge pour la protection d'espèces rares de chauves-souris sous la surveillance de l'association Drac Nature. .
Sous la route le passage souterrain permettant la sortie des wagonnets et du personnel est effondré, il est bien difficile de s'imaginer la photo ci-dessus, la forêt est envahissante et les zones planes artificielles n'existent plus.
2. En suivant ce qui n'est maintenant qu'une sente encombrée du fait de la végétation on peut accéder à 50 mètres à une construction d'un seul niveau et d'une seule pièce, probablement la cantine avec un grand four à pain, photo ci-contre.
3. 50 mètres plus loin on arrive à une série de construction. Une maison à 1 étage, 4 pièces, probablement des habitations. Un bâtiment plus vaste : magasins ?
4. Environ 400 mètres plus loin, c'est la zone des fours et autres bâtiments.
Le four le mieux conservé vu de dessus et La bouche inférieure
D"autres vues des autres fours plus détériorés, on voit la construction en briques.
Pour ceux qui veulent en savoir plus :
- Cayol-Gerin, Une terre de ciment, Mémoire d'Obiou N° 13, 2008, pp. 75 à 86.
- Mercier Michel, Cimentiers du Pont-du-Prêtre, Mémoire d'Obiou N°16, pp. 107-108.
- Histoire et Patrimoine du Gua, Le Ciment au fil de la Gresse, 2016.