Photo google, le viaduc de La Clapisse entre deux tunnels dans un endroit à risque
Mardi [26 octobre], un éboulement s'est produit au-dessus du lac, à proximité du barrage de Monteynard, sur l'itinéraire du train de La Mure. Un pan entier de la falaise s'est rompu brutalement sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur, emportant environ 3 000 m³ de blocs de pierre. La voie ferrée empruntée par le train de la Mure s'est retrouvée recouverte de matériaux sur plusieurs dizaines de mètres. L'extrémité de l'ouvrage de sortie du tunnel est également partiellement endommagée.
L'exploitation du train de La Mure est donc arrêtée et le Conseil général attend l'étude des experts avant de déterminer les suites à donner à cet accident. Sur son site Internet, la société d'exploitation du chemin de fer annonce même que "la circulation des trains est annulée jusqu'à la fin de la saison". Une saison qui devait s'achever à la fin des vacances scolaires de Toussaint. En juillet dernier, le parcours du chemin de fer avait déjà été raccourci en raison de l'instabilité du terrain sur une partie du tracé.
Ce court intervalle, entre deux tunnels, dans une roche du Lias (Toarcien) argileux et à strates inclinées,
a toujours été critique et a nécessité des aménagements au cours du temps.
La majorité des photos de cette page
sont prises dans le livre très documenté Le chemin de fer de la Mure de P. Bouillin et D Wurmser où vous pouvez voir
de nombreuses photos sur la construction et l'exploitation de la voie ferrée.
Pour la géologie voir la page Sinard - Monteynard
du site géol-alp.
Construction sans protection
photo de gauche : 1884, construction de la tête du tunnel de Serguignier et du viaduc de la Clapisse.
photo ci-dessus . 1887 la construction est terminée, il n'y a aucune protection contre les chutes de pierres. La voie doit être vérifiée avant chaque passage.
On rajoute un mur triangulaire à la sortie du tunnel (point rouge), l'intervalle entre le mur et la paroi va se combler et un jour la protection ne jouera plus son rôle.
1895
1904
1897
On construit une galerie pare-éboulis en béton armé en 1921 à la sortie du tunnel.
Photo prise de l'intérieur de la galerie en direction du tunnel des
Brondes
En 1933 un tracteur Sécheron T6 rentre dans la galerie.
En 1933 Une automotrice A1 Thomson-Houston. Les roches s'accumulent contre la galerie.
Mai 2008 à février 2009
"Chantier acrobatique de remise en état d'un tunnel". La galerie est déformée par le poids des matériaux qui se sont accumulés à l'amont. Le choix est de la consolider et de la sceller dans le rocher en gardant le comblement amont de façon à ce que les nouveaux apports passent par dessus sans choc sur la structure.
Peu de temps après ces gros travaux, le 26 octobre 2010 c'est la catastrophe, un effondrement important détruit la galerie et la voie ferrée. Les dégâts sont très difficilement réparables, il faudrait supprimer une bonne partie de la falaise qui est instable sans pouvoir la faire tomber dans le lac.
Voir le premier rapport d'expertise de 2011.
La photo prise en le 7 septembre 2009 montre le secteur en bon état après les travaux. Photo J. Brunjail.
Photo prise, du même endroit le 10 décembre 2010 après l'éboulement, photo J. Brunjail (ainsi que les 3 suivantes)
Les trois photos suivantes sont prises en avril 2011 du belvédère du barrage d'où l'on a une belle vue sur le tracé du train
dans les gorges.
Le Dauphiné Libéré du lundi 16 mai 2011
On peut lire dans la presse :
Unanimité sur un nouveau projet pour la relance du Chemin de fer de la Mure : Le Conseil général a décidé d'engager des échanges avec la société Rail Atour Fer afin d'élaborer un projet de convention d'occupation temporaire, avec pour objectif une remise en service dès l'été 2016.
Lors de la dernière réunion partenariale, le 4 mars dernier, le projet de la société Rail-Atout-Fer a été très largement plébiscité par les acteurs locaux. Ce projet mise sur la valorisation du patrimoine historique pour relancer le train électrique entre La Mure, la Mine image et le grand balcon (en amont de l'éboulement). Coté agglomération, à Saint-Georges-de-Commiers, s'installerait une activité de réhabilitation de trains historiques, et un vélorail sur l'aval de la ligne. Des expositions sur le patrimoine minier et la traction électrique ainsi qu'un restaurant sont prévus.
La commission permanente du Conseil général a décidé d'engager des échanges avec la société Rail-Atour-Fer afin d'élaborer un projet de convention d'occupation temporaire, et poursuivre les discussions avec l'ensemble des collectivités concernées, l'Etat et la Région pour financer les investissements publics nécessaires à la réhabilitation de l'infrastructure.
...mais quelques mois plus tard...
Le Dauphiné Libéré du jeudi 24 septembre
Le Dauphiné Libéré du 30 juin 2017
Le Dauphiné Libéré du 20 juin 2018
Juillet 2021, le Petit train démarre enfin après un retard dû à la COVID.
Décembre 2021,
10 ans après cet éboulement destructeur du patrimoine historique du petit train.
Certes, le département, au prix d'un fort investissement, a réussi à trouver une solution pour sauvegarder une proposition touristique, aller et retour de la Mure à l'entrée de la vallée du Drac avec un parcours piétonnier dans le Grand Balcon. mais ce n'est qu'une solution de rattrapage qui peut-être n'affectera pas les touristes venant de l'extérieur de la Matheysine, puisqu'ils n'auront pas la possibilité de comparaison avec le passé.
Dans ce projet l'aspect tourisme a pris le pas sur le patrimoine et l'histoire du petit train :
- La perte de la liaison La Mure Saint-Georges est pratiquement définitive, la remise en état de cet étonnant passage de La Clapisse est rendue impossible vu la quantité de roches instables, à court et moyen terme, qu'il aurait fallu enlever par le haut pour qu'elles ne descendent pas dans le lac. (Ce qu'elles feront de façon naturelle au cours de ces prochaines années !)
- Le nouveau parcours n'est intéressant que dans les derniers kilomètres (viaducs de la Loulla et du ruisseau de Vaulx), il s'arrête juste avant d'entrer dans la vallée du Drac sur le site de Gravaison.
- La Rivoire - Grand Balcon. Ce lieu, le plus emblématique de la ligne, est totalement banalisé par les nouvelles installations touristiques qui ont fait disparaître les vestiges de la première histoire du train : les ruines de la liaison avec l'usine de Gravaison, et après un parcours piétonnier, à la place des rails, qui altère l'aspect sauvage du lieu on regrette la destruction de l'étonnante maison du garde coincée entre la voie et le précipice.
- Le grand-Balcon
- Un drone vous emmène sur l'effondrement
- Quantité de vidéos du petit train sur YooTube