Cimon vu de Péchot
L'accident médian qui passe au Paradis puis sous Péchot et se termine en arrivant au Drac.
Le sentier des "Rochilles" en pointillés verts.
Mais l'excursion idéale, c'est l'ascension, d'ailleurs aisée, par le "chemin des pauvres", du Cimon, belvédère admirable d'où le regard embrasse toute la Matheysine et n'a d'autres limites que les cimes altières servant de fond à un merveilleux décor.
Le chemin des pauvres, cité par Victor Miard, part à l'entrée nord de la Mure, au départ du Boulevard Fréjus Michon. Ce n'est pas ce chemin que nous allons prendre mais celui des "Rochilles" plus dégagé et plus riche en observations, il part après le passage du pont sur la Jonche à la sortie de la Mure sur la route de Prunières.
En traversant le boulevard on quitte les alluvions glaciaires et l'on voit les affleurements calcaires du Dogger inférieur (Aalénien et
Bajocien, -175 à -164 Ma) qui constituent toute la partie de Cimon à l'est de l'accident médian de Belledonne (celui-ci vient des Chuzins,
traverse le Paradis et la combe de Simane). Ces roches sont les plus récentes que l'on trouve à la Mure puisque tout le reste de la stratigraphie
du Jurassique et du Crétacé n'existe plus ici.
La partie sommitale de Cimon, comme la Mure, est dans le rameau interne de Belledonne, nous verrons plus loin qu'au Paradis on trouvera
une autre stratigraphie de l'autre côté de la faille dans le rameau externe.
Ce calcaire est très argileux et ne présente aucun intérêt utilitaire. Les strates très pentées et l'altération donnent cet aspect dit "en frites".
Après ces rochers acérés le chemin s'enfonce un moment dans un reste de moraine du glacier de la Bonne qui venait butter contre Cimon ce qui le
faisait un peu dévier et se diriger sur Péchot et Bois Ribay. Des blocs venant de la vallée de la Bonne sont sur le bord du chemin : amphibolites
vertes et blanches, spilites très sombres, dolomies ocres, granites...
Cimon en calcaire du Dogger inférieur émerge des dépôts glaciaires omniprésents en Matheysine.
A gauche les affleurements des Rochilles avec un détail ci-dessus montrant l'altération "en frites".
Des blocs qui viennent de la vallée de la Bonne, amphibolite et spilite...
...granite.
...dolomie...
On arrive à l'aire de pique-nique, on ne prend pas le chemin qui fait ici un grand coude, on continue de monter tout droit dans un raccourci. Quelques dizaines de mètres plus haut on a un vaste et magnifique panorama.
C'est un lieu qui permettrait de faire des cours de géographie et de géologie et surtout de morphologie glaciaire. On pourrait, par exemple,
parler du Lac du Beaumont du Würm, comme le montre la photo ci-contre. La plaine de Pellafol indique le niveau auquel ce lac est monté et ce
que la Souloise et le Drac ont dû recreuser pour retrouver leur niveau actuel, ceci avec quelques dégâts comme la destruction des
vieux villages de Pellafol et de Cordéac... Aujourd'hui ces cours d'eau sont rendus moins destructeurs par les nombreux barrages.
On traverse sans s'en rendre compte l'accident médian de Belledonne et l'on arrive au pied de la prairie du Paradis,
on a bien quitté les roches du Dogger pour trouver de la dolomie triasique et en allant vers Roberton on trouverait le
calcaire de Laffrey donc la stratigraphie classique de cette partie de la Matheysine.
Sur le chemin du retour un petit détour pour monter au point culminant de Cimon marqué par une borne limite des trois
communes : La Mure, Susville et Prunières.
La prairie du Paradis.
La borne délimitant les 3 communes au sommet de Cimon (1218 m).
Au pied de la prairie, nous sommes passé de l'autre côté de l'accident médian de Belledonne dans le rameau externe,
nous retrouvons des affleurements de dolomie.
Ce sol très pauvre tapissant Cimon a été cultivé jusqu'à la fin de la dernière guerre (lentilles).
Cimon derrière le temple protestant (date de la photo ?, le temple a été construit en 1931). Un Cimon différent d'aujourd'hui
avec ses lopins cultivés et beaucoup moins d'arbres.
Les anciens murois se souviennent d'une belle coutume disparue dans les années 80 : le campage au Paradis le lendemain du 15 août,
avec cette étrange tradition des "raves".
Campage au Paradis - 16 août 1900.
Photo extraite de "La Mure autrefois" de Jean Garnier