La carte IGN et la carte géologique (La Mure, 1988).
L'ancienne route de terre, plutôt une piste, aujourd'hui
sentier de randonnée du Tour de pays (en rouge) et la route qui permet
l'accès du sanctuaire en voiture ou en car depuis 1960 (en jaune).
Il faut rajouter pour comprendre la géologie de ce secteur, la deuxième photo de la page
"Beaumont central, montagnes à l'ouest de La Salette, au nord de Corps"
montrant la faille d'Hurtières et ses failles satellites très partiellement représentées sur la carte
géologique.
Les chiffres en bleu sont les repères des photos ou des lieux cités dans le texte.
Lorsque l'on quitte le plateau matheysin à Pont-Haut, en traversant la Bonne, on entre dans le Beaumont
(voir la carte) qui se termine à la sortie de Corps au passage
dans le département des Hautes-Alpes.
Si l'on excepte quelques sommets en limite du Valjouffrey et du Champsaur, il y a une unité géologique :
nous sommes dans la couverture sédimentaire des massifs cristallins externes avec quelques pointements
de Trias, majoritairement du Lias et le début du Dogger.
Avec une particularité, en certains endroits le Domérien et le Toarcien comportent des niveaux à entroques
(analogie avec le calcaire de Laffrey), donc situés en sommet de bloc à ces périodes. On peut toucher ce niveau (l6B)
après Quet-en-Beaumont, sur la N85, un peu avant le départ de la route de Sainte-Luce ou plus tranquillement
sur la petite route qui va des Souchons à Saint Michel dans la portion juste au-dessus de la Salle.
Il ne concerne pas le secteur de la Salette.
De nombreuses failles, notamment des failles d'extension jurassique (blocs basculés) et des plis antésénoniens et alpins
de directions différentes modifient en permanence la stratigraphie.
au centre entroque en étoile
avec deux rostres de bélemnites
paquets d'entroques de profil
Calcaire à entroques dans le Domérien du Beaumont (route de Saint Michel)
Du pont de Gournier au sanctuaire.
Sur la carte géologique ci-dessus, où les roches sont représentées par des couleurs différentes nous voyons
que la route recoupe toutes les couleurs donc toutes les formations, dans un certain désordre, certaines
à plusieurs reprises, du fait des failles (les traits noirs) et des plis.
C'est une bonne opportunité pour réviser les roches du Lias le long de la route, nous avons des affleurements
très représentatifs.
Au pont de Gournier, la route quitte la vallée, la route est taillée dans une roche massive, à bancs épais séparés
par de petits bancs plus marneux, c'est le Lotharingien inférieur. Photo au point 1.
Photo au point 2 au niveau du cimetière de l'Obiou. Brutal changement, nous avons franchi la faille d'Hurtières,
nous sommes dans le Domérien très argileux qui donne les reliefs doux en prairies. Le Gargas encadré, à gauche par la Tête de
l'Homme, à droite par le Planeau.
Au point 3 nous avons repassé la faille d'Hurtières et nous nous retrouvons au-dessus du pont 1, dans la suite de la stratification,
dans le Carixien rubané
(alternance relativement régulière de bancs bleutés plus calcaires et de bancs ocres plus marneux), qui forme des falaises
comme le Lotharingien du point 1.
Juste après le tournant, au point 4, nous repassons dans une zone déprimée, marneuse, c'est de nouveau le Domérien, très présent
dans ce secteur de Saint Julien.
A Saint Julien, les anciennes constructions utilisent, comme au Sanctuaire, la meilleure roche du Lias, le Lotharingien
supérieur, très caractéristique par sa belle patine allant jusqu'à un ocre orangé foncé.
Au grand virage après Saint Julien, point 5, on est tout près du Grippet, jadis redoutable, La faille d'Hurtières passe ici
Les roches sont très tectonisées.
Après un long détour la route revient en faible pente au-dessus de l'ancienne piste, on aperçoit le Sanctuaire. Au point 6,
à Combe Male, un bel affleurement de Carixien rubané.
Dans les années 1960, pour la fin de la route et le parking, point 7, les roches dures qui constituent le Gargas, Carixien et Lotharingien,
ont été découpées.
Extrait de La grande aventure du pèlerinage... cité plus bas.
En 1846 à l'époque de l'apparition, il faut 8 heures, en diligence, pour se rendre de Grenoble
à Corps (65 km) et ensuite la montagne de la Salette n'est accessible que par des sentiers
que les premiers pèlerins doivent gravir à pied ou sur une mule.
En 1863, il est signalé qu' "une rampe taillée dans le roc serpente sur le flanc de la montagne,
laissant apercevoir à chaque pas, sur le mur de granit, la trace non effacée de la mine qui seule
a pu vaincre les rochers taillés comme avec une hache. »
En 1867, une route est ouverte (l'ancienne route mentionnée plus haut), c'est plutôt une piste qui
comporte des rampes de plus de 15 %, notamment le passage du Grippet avec une rampe de 30 %, sans
protection contre les précipices. Les attelages à chevaux montent à grand-peine.
En 1920 on fait des essais avec des cars très étroits d'une dizaine de places. On teste du matériel
à chenilles, celles-ci ne résistent pas à la pente et au sol rocheux.
On améliore la route : pose de gabions, élargissement des tournants, gares de rencontre des cars.
Le secteur du Grippet est élargi, avec les déblais on fait un mur sur le bord du précipice, en 1932
on prend le tournant en une fois. Les améliorations sont arrêtées pendant la guerre.
En 1959-1960, on construit la route actuelle passant par Saint-Julien, elle sera complètement terminée en 1968.
On monte maintenant en voiture ou en car, les sentiers jusque là très pratiqués sont moins utilisés par
les pèlerins que par les randonneurs.
1923, autochenille Citroën.
Autocar Delaye utilisé de 1946 à 1960.
On peut enfin monter avec sa voiture.
Voiture Renault tous terrains (6 roues, 3 ponts) 1920 - 1923.
Autocar Unic dans la montée du Grippet en 1927-28
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Depuis les derniers passages de cars de pélerins, la piste est devenue un agréable sentier
de randonnée bien végétalisé, elle a perdu son aspect minéral et dangereux.
Pour ceux qui veulent en savoir plus :
Pour la géologie du Beaumont :
- Page Montagnes du Beaumont
de Geol-alp et l'article 88 référencé dans la page.
- Thèse de Jean Aprahamian, Etude géologique
des montagnes du Beaumont et de la Salette, 1968.
Pour la géologie du secteur :
- Page Beaumont central
de Geol-alp
Pour l'histoire des pèlerinages :
- Victor Bettega, René Reymond, La grande aventure du pèlerinage de la Salette de 1846
à nos jours, 1984.
- Mémoire du Champsaur, Récit d'un pélérinage à ND de la Salette en 1863, de nombreuse photos et gravures.
Le cimetière canadien où sont enterrés les passagers de l'avion qui est parti de Rome et a heurté l'Obiou le 13 novembre 1950 (point 2).
La route de La Salette Fallavaux par Charles-Alexandre Bertier (1860-1924).
Le cimetière a été implanté autour de cette ancienne chapelle.