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"La Dragerie"

Victor Bettega dans son livre sur les noms de lieux (1997) nous démontre, pages 101 à 103, avec de nombreux arguments que ce nom ne peut pas être pris au sens premier, une fabrique de dragées. Il n'est pas pris au dépourvu puisqu'il écrit : "l'explication du mot Dragerie est simple et convaincante", il dérive de dragée (ou dravée), un fourrage que l'on sème...
Il est contredit par Marcel Gaude qui lève quelques voiles dans son excellent article "La dragerie de Nantes-en-Rattier" paru dans Mémoire d'Obiou N°15, avril 2010, pages 149 à 154. Une étude reposant sur des actes notariés. Il nous apprend qu'un très ancien moulin a terminé son existence en fabrique de dragées, d'où le nom que l'on donne depuis à ce lieu.

Une situation particulière

Ce secteur, entre les deux moraines des Mas et de Payon, se trouve à un quadripoint dans le découpage des communes où convergent La Mure, Saint Honoré, Nantes et Sousville. Sur la limite, avant la révolution, des Mandements de La Mure et de Ratier.
Avant nos routes goudronnées, c'est un carrefour important noté Croix des 7 chemins (croix à prendre dans le sens de croisement) : vers Pontcharra, Serbouvet, Nantes, Roizon-le-haut, le Pivol, La Mure, Payon.
Dans le creux de la Dragerie, passe le ruisseau de la Nantette qui vient de Nantes et se jette dans la Bonne à Pont-Haut.

Histoire

Un moulin, le moulin de Rouet; utilisant l'eau de la Nantette est attesté avant 1776, par la carte de Cassini. on ne connaît pas la date de la première installation. Il appartenait aux Seigneurs de Rattier avant d'être acheté par Louis Durand qui le revend en 1805. Marcel Gaude nous détaille les différents propriétaires qui se succèdent.
En 1857, une description : Les bâtiments forment trois corps distincts; le pré est séparé des bâtiments par le ruisseau de Rouet. Il faut imaginer ce lieu nu, sans la végétation foisonnante actuelle.
Après 1883, Augustin Charles Rivet hérite du moulin, il est confiseur, il transforme les lieux en fabrique de bonbons et de dragées et utilise l'ensemble hydraulique pour faire tourner les bassines de cuivre. Il vend une partie de sa production dans son magasin, au 7 rue des Fossés, à La Mure.
En 1911, après l'arrêt de la fabrication victime de la concurrence, on envisage d'installer une microcentrale électrique, ce projet ne sera pas réalisé.

Une borne, limite de mandement ?

Carte du cadastre napoléonien (1831) empruntée à l'article de Marcel Gaude.
L'étang du moulin a été creusé pour servir de réserve d'eau.
Ces voies de communication, probablement très anciennes, se retrouvent aujourd'hui, certaines transformées en routes goudronnées très passagères, les autres, toujours bien entretenues, ne servent plus qu'à l'accès des parcelles agricoles et aux promeneurs.

On remarque une belle borne, dans le virage du chemin, tout près de la Nantette, en rive droite, gravée MdlM et au-dessous StB. Aucune explication incontestable mais ne doit-on pas adopter la plus simple, à savoir Mandement de la Mure ? Elle est bien en limite des deux mandements de La Mure et de Ratier. Quant à StB ?

Venant de la Croix des 7 chemins une pente raide mène au tournant au creux du vallon. La Nantette (venant de la droite) déborde sur la chemin, le point bleu indique la borne.
Photo prise en 1996


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Une belle borne taillée dans du calcaire de Laffrey (Face sup 20 X 20 cm , à la base 25 x 25 cm, h=31 cm hors socle), gravée d'un seul côté.
Coordonnées GPS : 44° 55' 34,7'' N ; 5° 48' 29,1'' E
Photo de mai 2013.

Depuis les photos précédentes, on a fait des travaux pour bien canaliser la Nantette qui passe complètement sous le chemin mais malheureusement on a abimé la borne à sa partie supérieure.
Photo prise en août 2014.

Aujourd'hui (2020) un chemin impeccable (mais moins sportif pour les VTT !). La borne (point bleu) et la Nantette à droite.

Cette borne historique, qui a résisté à de très nombreux passages difficiles de charrettes a été mutilée et presque déterrée par un conducteur d'engin motorisé moderne peu respectueux du patrimoine.

On aperçoit encore quelques vestiges du moulin en rive gauche de la Nantette.

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