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LE VALLON DE LA MUZELLE
Le lac, les arches, la tourbière...

Itinéraire
Départ de Bourg-d'Arud, 935 m. Le sentier est bien balisé. La tourbière à l'arrivée juste au-dessus du lac, 2139 m, soit 1 200 m de dénivellée.
Du lac : le col du Vallon , 2531 m ; la brèche de la Muzelle, 2613 m ; le belvédère sur la Muzelle et son glacier, 2580 m.
Si l'on veut profiter du site, faire des observations et des balades ci-dessus, il faut passer une nuit dans le refuge très accueillant.


  itinéraire
  Le lac de la Muzelle au pied de la brèche en Lias schisteux entre la Muzelle (à gauche) et le Clapier du Peyron (à droite),
  en pointillés jaunes, la faille jurassique qui se prolonge de ce côté Nord dans le vallon du Ferrand en passant par les Deux Alpes.

Le contexte géologique

Des points de vue variés et de toute beauté dus à une longue histoire géologique alpine depuis les blocs basculés jurassiques à la dernière période glaciaire. Cette géologie (complexe et pas encore complètement décryptée) est expliquée dans les articles référencés en bas de page (avec certaines contradictions), nous ne ferons que la survoler pour présenter simplement ses belles réalisations.
Nous sommes dans la continuité du site du col de Côte Belle dans le Lias déposé entre sur les blocs des Grandes Rousses et du Mont de Lans et pincé lors de la compression alpine. C'est ce Lias, qui constitue le col de la Muzelle et permet un passage pour le GR qui rejoint Valsenestre.
Entre des phases de compression E-W qui ont plissé les calcaires du Lias, une phase S-N a créé les chevauchements dans le socle, ici nous sommes concernés par le chevauchement de la Tête de la Muraillette dans le bloc Grandes Rousses et celui de la Muzelle dans le bloc du Mont de Lans en direction du nord.

un escarpement jurassique
Le sentier arrive dans la dernière montée au niveau du Lias schisteux.
On voit côté nord-est un escarpement jurassique en cristallin qui a été comblé par les dépôts du Lias plus facilement érodable.

Le chevauchement de la Tête de la Muraillette
Le chevauchement bien visible de la Tête de la Muraillette.
A gauche de la diagonale de la photo, le cristallin qui vient chevaucher les dépôts jurassiques.

La faille de Ser Barbier
De l'autre côté, vers le col du Vallon, une belle faille, bien dégagée par l'érosion, la faille de Ser Barbier qui elle aussi met en contact le cristallin (à droite) et le Lias schisteux.

Le glaciaire

Nous sommes dans un cirque glaciaire, surcreusé par le glacier qui a laissé un lac qui devait monter jusqu'au rebord au-dessus du refuge ou est située la tourbière (environ 40 m au-dessus de son niveau actuel). Le lac s'est peu à peu retiré, les conditions hydrologiques ont fait que la tourbière s'est installée et a pu continuer à se développer à un rythme très lent comme les tourbières de haute altitude qui n'offrent que très ponctuellement des épaisseurs de tourbe supérieures au mètre.

Tourbière : principalement constituée de mousses, les sphaignes, qui se développent en surface et meurent au fur et à mesure que la tourbière s'épaissit. le pH acide (5 à 6) et le manque d'oxygène limitent leur décomposition. L'accumulation de leurs restes produit la tourbe qui peut ainsi s'épaissir de plusieurs centimètres par siècle.

Le glacier de la Muzelle est actuellement peu important et en période de retrait comme les autres glaciers.

vue sur le lac
Le lac est dans le fond du surcreusement. On aperçoit de l'autre côté du lac, le refuge et la bergerie et dans la pente au-dessus et à droite la ligne des formations dolomitiques qui surgissent verticalement (voir ci-dessous).
La tourbière se situe sur le replat au-dessus du refuge et de la bergerie à côté du GR.

la tourbière
La tourbière protégée contre la pâture des moutons. En arrière-plan le domaine des deux-Alpes avec le Diable et Tête Moute et à droite l'Aiguille du Plat de la Selle.


Extrait de "Les glaciers sont vivants" de Robert Vivian, 1979.

Les tourbières sont d'un intérêt primordial, les plus anciennes apportent des informations capitales sur des séances paléoclimatiques beaucoup plus longues. Les forages effectués dans ces tourbière et l'analyse des pollens (ou palynologie) que contiennent les différents horizons traversés permettent de retracer l'évolution du peuplement végétal, et par là les climats du lieu.



la Muzelle
Le col Jean Martin et la Roche de la Muzelle vus du point coté 2512 à l'est du lac à la limite du Lias.
Au premier plan à gauche, ce qui était l'Oeil de la Muzelle lorsque le glacier était plus important et l'entourait complètement, ce qui n'est plus le cas. A droite le Grand Roux.

brèche de la Muzelle
Vue sur la brèche de la Muzelle et sur le Clapier du Peyron à la fin du replat au point coté 2581 un peu plus loin que le précédent.

Les arches et autres formations en cargneules

Sur la carte IGN au 1:25000, il y a à sur le sentier qui part du refuge vers la Roche de la Muzelle 2 étoiles rouges (il y en a peu sur l'ensemble de la carte !) qui indiquent des curiosités diverses. L'une est notée "la Roche Percée", l'autre "Cheminées de fée". Cette dernière appellation est fausse au sens géologique, on ne peut pas avoir de cheminées de fée dans ces terrains. Il s'agit de formations en cargneule polygénique. Les roches du Trias déposées sur le socle avant la création des blocs ont été par les compressions alpines redressées, broyées, cimentées et dégagées par l'érosion qui leur a donné ces formes très spectaculaires.

la première arche

la même vue de plus haut



La première arche ("la roche percée") dans laquelle passe le sentier, photo à gauche : l'arche vue à la montée, au-dessus vue à la descente avec la faille de Ser Barbier à l'arrière et au pied le refuge et la bergerie.

la deuxième arche



La deuxième arche (une des "Demoiselles"), un peu plus haut, il faut quitter le sentier sur une cinquantaine de mètres pour la voir entièrement. Sur la photo de droite on aperçoit la brèche de la Muzelle.

la même sous un autre angle




les formations de cargneule




avec vue sur le lac

forme de tête

D'autres formations, à côté des arches, le long de la bande de Trias relevée presque à la verticale et aujourd'hui transformée en cargneule.

La cargneule de ces formations (photos ci-dessous) est analogue à celle de l'arche du Vet, mais avec une composition un peu différente : beaucoup moins d'argilite rouge ou verte, plus de dolomie saine ou altérée

la cargneule de près

une autre vue


les deux alpes
En redescendant dans la vallée on a, en premier plan, une belle vue sur l'autre côté du Vénéon et plus loin sur les Grandes Rousses.
Les Deux Alpes sur le Lias pincé qui se poursuit sur les pentes du Diable.


Pour ceux qui veulent en savoir plus :
Les pages du site geol-alp :
 - le vallon de la Muzelle
 - Le col du Vallon
Les fiches de Thierry Dumont pour le Parc des Ecrins :
 - Fiche n°3 : Escarpement sous-marin jurassique du col du Vallon
 - Fiche n°4 : Panorama depuis l'Alpe de Venosc sur les sites 2 et 3
Le site du refuge de la Muzelle


une vue à partir du sommet du Diable
Une vue, en hiver, prise au sommet du Diable des Deux-Alpes


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