Un joli bouquet de pivoines sauvages en début de montée, tôt en saison
L'itinéraire est très simple, on prend le chemin qui monte plein nord à gauche de l'ancienne école devenue gîte.
La cabane du vallon est à 1978 m.
Un large vallon, exposé sud, avec de belles vues, des fleurs, des chamois, une géologie complexe à l'image des
Ecrins, avec faille,
chevauchement et nombreuses sortes de roches. La deuxième photo expliquée de la page
Valsenestre de géol-alp résume
cette géologie.
Si l'on poursuit cette randonnée, toujours vers le nord, on arrive à la brèche de Valsenestre (2598 m) qui domine le
Lauvitel que l'on ne peut plus rejoindre du fait de la réserve intégrale.
Après les premiers deux cents mètres de dénivellée, le début étant raide mais dans une riche végétation de montagne, on arrive près du torrent et l'horizon s'élargit, on a une vue sur tout le vallon et le reste du chemin pour rejoindre la cabane. La formation de base est celle des micaschistes mais sur le sentier se rassemblent toutes les roches du secteur.
La vue sur le vallon, la cabane(non visible) est au niveau du point rouge. A droite de ce point le
chevauchement que l'on franchit juste avant d'arriver.
On traverse le torrent et on chemine sur un terrain en faible pente, on quitte les micaschistes
pour le granite de Combe-Guyon. La faille de Pisse-Rousse qui, à gauche du vallon est dans le granite,
traverse le vallon pour rejoindre
le Béranger n'est visible qu'au niveau de la cascade, la couleur, très visible, que suggère son nom
est le résultat de l'altération du granite. La photo, ci-contre, d'un bloc altéré sur le sentier
montre bien le phénomène.
Dans certaines conditions le granite n'est pas une roche aussi solide que l'on pourrait le penser,
certain de ses minéraux : les micas noirs et les feldspaths sont facilement détruits ce qui amène
à la destruction de la roche. Dans les parties faillées, l'eau va provoquer la transformation de ces
minéraux :
- les micas noirs, minéraux ferro-magnésiens évoluent en chlorite et perdent du fer qui
oxydé donne cette couleur rouille, la chorite donne cette couleur verdâtre courante dans les granites ;
- certains feldspaths, par exemple l'orthose évolue en argile (illite) et perd du silicium
et du potassium ;
- par contre le quartz est indestructible et donnera du sable et les micas blancs
(muscovite, minéral alumineux), eux aussi inaltérables, donnent les petites paillettes brillantes mêlées au sable.
A la fin de l'altération, il ne restera que le quartz (les petits grains que l'on voit nettement sur
la photo), les paillettes de micas blancs et de l'argile ; les éléments solubles (Fe, Mg, K...)
seront emportés par l'eau.
Au niveau du sentier, qui se met à grimper franchement, cette faille de Pisse-Rousse nous fait passer du granite de Combe Guyon au Trias et Lias du "synclinal du Lac Labarre" dans une stratigraphie classique mais qui est continuée par un lias particulier, le calcaire du Paletas, une formation de haut-fond (analogue au calcaire de Laffrey) que l'on peut voir en-dessus de la cabane.
Dolomie et calcaire plissé sous la cascade
Calcaire du Lias
Dolomie capucin du Trias
Le sentier bute contre une falaise qu'il faut contourner à droite, nous sommes sur
un chevauchement très visible (photo ci-contre).
L'érosion a bien dégagé, à cet endroit, le contact du granite des Quatre-Tours sur le synclinal. Ce chevauchement
traverse le vallon et ressort à la brèche du Lauvitel, il fait partie du "chevauchement de la Muzelle", lui-même
faisant partie d'un ensemble de chevauchements vers le nord (Meige, Taillefer, Armet...).
On peut voir sur le site géol-alp
la carte de situation
des principaux chevauchements vers le nord dans le massif du Pelvoux - Écrins.
On arrive sur le replat, la cabane est construite en bordure sur une petite crête, nous revenons dans la dolomie car le chevauchement traverse un peu plus haut. On trouve le calcaire du Paletas à l'ouest de la cabane.
Une cabane refaite récemment pour les exploitants du pâturage.
Au-dessus de la cabane, vue sur le Pic de Valsenestre.
Le calcaire du Paletas très plissé
Dans le lointain vue sur les Rouchoux et le col de Prés Clos
Ce lieu est très prisé par les chamois, le premier vallon, bien exposé et relativement abrité, est une bonne zone d'hivernage. Ensuite ils sont attirés par les pierres à sel que les éleveurs mettent pour leurs troupeaux. Les bouquetins sont visibles beaucoup plus haut, dans les falaises autour du Pic du Clapier du Peyron.
Un spectacle rare : 3 petits chamois dévalent et remontent aussi vite un raide névé sous la surveillance placide
de leur mère.
Un chamois qui n'a pas semblé particulièrement inquiet de notre présence mais qui maintenait une certaine distance.