Sites remarquables
- Beaumont
  * Le canal du Beaumont
- Bonne (vallée de la)
  * 1. jusqu'au Désert
  * 2. en amont du Désert
- Cognet
  * La roche et le pont
- Connex
- Corps
  * Carrières de marbre
- Entraigues
  * L'arche du vet
- Laffrey
  * Les carrières
  * Lacs - zones humides
- Lavaldens
  * Vallon de l'Espalier
- Malsanne (vallée de la)
- Marcieu
  * Les Champs
- Mayres-Savel
  * Cristaux de gypse
- Monteynard
  * lac à la fin de l'hiver
  * Les passerelles
  * Eboulement Clapisse
  * Rivoire - Grand Balcon
- La Motte d'Aveillans
  * La Grande Draye
- La Motte Saint Martin
  * La cimenterie
  * Demoiselles Majeuil
- La Mure
  * Cimon
  * Payon
  * Péchot
- Nantes en Ratier
  * La Dragerie
  * Colline Les Mas
- Pellafol
  * Les Gillardes
- Pierre-Châtel
  * La Pierre Perçée
- Prunières
  * meulière
- Saint-Arey
  * Demoiselle coiffée
  * Travertin de la Baume
- Sainte-Luce
  * La carrière
- Saint-Honoré
  * Oullière (Col d')
  * Le Piquet de Nantes
- Saint-Laurent-en-B
  * Les Garguettes
- La Salette
  * Les accès
  * Le col d'Hurtières
  * Le Gargas
  * Le Col de Prés Clos
- Senépi
  * Les Signaraux
  * Bornes Le Camus
  * Pierre Plantée
- Siévoz
  * Ancienne cimenterie
  * Le Besset
- Sousville
  * Pont-Haut, demoiselles
- Susville
  * Discordance Chuzins
  * Merlins, effondrement
  * Roche Paviote
  * Carrières Versenat
  * Rocher Siéroux
- Valbonnais
  * Cimenterie Pelloux
  * La carrière de gypse
  * Géologie et escalade
- Valsenestre
  * Village et géologie
  * Le cipolin
  * Combe Oursière
  * Le col de Côte Belle
  * Le vallon
- Venosc
  * Vallon de la Muzelle
- Villard-Saint-Christophe
  * Ciment, carrière
  * Chinarde, carrière
  * Côte Dure
  * Fontaine du Fayet


LA MOTTE D'AVEILLANS - LA GRANDE-DRAYE


Après la dernière glaciation le Carbonifère est ramené en surface, la grande couche, morcelée et pentée, sort de terre à la Grande Draye et a été partiellement érodée.

Les premiers occupants du lieu se sont probablement interrogés sur cette roche noire et friable, à quoi pouvait elle leur être utile ? Le fait que cette pierre était capable de brûler a dû être constaté rapidement mais ceci se faisait dans des conditions très désagréables du fait des gaz émis comparativement à la combustion du bois qui était présent en grande quantité sur tout le territoire.
L'exploitation du "charbon de pierres" a été très tardive et est probablement liée à la rareté du bois. D'abord artisanale (XIVe ?) puis pré-industrielle à partir du XVIe.

Nous avons un témoignage de ce début d'exploitation sans autorisation officielle par François Perrin-Dulac (1767-1824), Description générale du département de l'Isère, 1806, T1, pp 132 à 136. (Document consultable sur "Gallica - BNF") :

[...] La plus considérable de ces mines, celle qui donne le charbon de la meilleure qualité, est connue sous le nom de la Grande-Raye, près le hameau de la Meyrie, commune d'Aveillans. Elle est au centre des mines de la Motte, Notre-Dame de Vaulx et de Pierre-Châtel, auxquelles elle parait communiquer.
Pendant longtemps, les mines de la Motte ont été exploitées au moyen de puits ; ce genre d'exploitation suffisait alors, parce que l'on ne faisait usage de la Houille, que pour alimenter les forges de la Mure, la Motte, Mens et pays environnants ; l'usage des poêles était encore inconnu, et les fourneaux n'employaient que du charbon de bois. Mais depuis trente à quarante ans, la cherté de ce dernier article, l'augmentation de sa consommation dans les manufactures de plâtre, I 'introduction des poëles, dans tous les pays voisins de la Motte, ou à portée d'en tirer charbon, a fait changer la forme de I 'exploitation. En 1768 ou 1769, on ouvrit une galerie horizontale, et depuis, cette époque, l'usage des puits s'est perdu.[...]
Les mines actuellement en exploitation, sont situées dans les communes de la Motte d'Aveillans, la Motte Saint-Martin, Notre Dame de Vaulx, Pierre-Châtel et Susville. Dans la commune de la Motte d'Aveillans, il y en a trois, auxquelles on travaille ; mais celle de la Grande-Raye est la seule importante : elle est dirigée par le propriétaire, qui y emploie régulièrement vingt-cinq ouvriers.[...]
Les mines de la Motte emploient, toute l'année, cinquante à cinquante-cinq ouvriers, qui gagnent, à proportion de leur travail, depuis 1 fr. 25 cent. jusqu'à 3 fr. ; mais les dispositions qu'ont à l'ivrognerie la plupart des hommes qui se livrent à cette occupation, les empêchent de profiter des avantages que présente ce genre d'exploitation.

Au moment de la distribution des concessions en 1806 la grande Draye était exploitée par un groupement de 12 habitants de la Motte d'Aveillans, de façon pas très efficace d'après ce qu'écrit E. Gueymard. Ils n'ont pas été reconnus pour la suite sous le prétexte qu'ils n'avaient jamais eu une autorisation officielle.
L'exploitation de la Grande Draye dans les normes les plus modernes a commencé dès l'attribution de la concession avec Jules Giroud puis avec son fils Henri Giroud.
Nous avons un témoignage par Emile Gueymard, Sur la Minéralogie, la Géologie et la Métallurgie du département de l'Isère, 1844, . (Document consultable sur "Gallica - BNF") :

La concession de la grande Draye a été accordée le 4 juillet 1806 et confirmée depuis par un décret du 10 mars 1809. Elle est située sur la commune de la Motte d'Aveillans et comprend une étendue superficille de 276 hectares.
Le gîte qui forme la principale richesse de cette concession, est la plus belle couche d'anthracite qui existe dans les Alpes ; elle est repliée en zig-zag sur elle-même, de manière à présenter la forme d'un N dont les angles seraient arrondis. La branche presque verticales MN est appelée la grande Draye du nom d'un ravin qui existe à la surface. La partie moyenne NO a reçu le nom de faux Filon et la branche OP, située à gauche, celui de Rivoire. La direction moyenne de ces trois branches ou gîte est à peu près du nord au sud ; chacune d'elle constitue une exploitation distincte que nous décrivons séparément.
La grande Draye a une forte inclinaison vers l'ouest d'environ 80°. Elle se compose de deux veines d'anthracite l'une de 4 mètres, l'autre de 4,5 mètres, séparées entre elles par un banc de rocher continu, dont l'épaisseur varie depuis quelques décimètres jusqu'à 2 ou 3 mètres. On y a ouvert deux galeries aboutissant au jour, la plus élevée portant le nom de Galerie de la Bastille est destinée à l'exploitation de l'extrémité supérieure de la grande Draye. Cette partie du gîte est presque entièrement épuisée par de vieux travaux. Cependant comme les anciens extracteurs ne suivaient aucune marche régulière, ils ont laissé çà et là plusieurs massifs d'anthracite que l'on peut encore exploiter avec avantage. Ces travaux sont voisins de l'affleurement de la couche dont la trace est parfaitement marquée sur le Serre-de-Crest par une longue suite d'éboulements ; la seconde galerie dite des Trois embranchements aboutit à la partie moyenne du gîte. Lorsqu'elle sera achevée, elle traversera horizontalement les trois branches de la couche et établira une communication facile entre toutes les parties de cette vaste exploitation.
Les deux galeries précédentes ont été percées depuis peu de temps et renferment des chemins de fer. La galerie la plus basse dite de la grande Draye est très ancienne et sert aujourd'hui à l'écoulement ; elle a été percée dans le rocher entre le faux Filon et la grande Draye et fait communiquer avec le jour ces deux parties du gîte.
Le faux Filon a une inclinaison très variable vers l'est, qui le plus souvent approche de 30 à 40°.Sa puissance moyenne est d'environ 5 mètres ; il éprouve des serrées très fréquentes ; on n'est pas encore parvenu à l'endroit où il se réunit avec la branche précédente, mait tout indique que cette jonction a lieu un peu au-dessous de la galerie d'écoulement dont nous venons de parler. La jonction de faux Filon avec la Rivoire a lieu suivant une voûte arrondie dont l'arête culminante n'est pas une ligne droite horizontale. On observe qu'elle est sinueuse et qu'elle monte vers le nord suivant une pente moyenne de 15 centimètres par mètre.
La Rivoire a une inclinaison de 15 à 20° vers l'ouest et une puissance de 12 à 13 mètres. Elle est partagée comme la grande Draye en deux veine d'anthracite dont la plus petite a 2 mètres d'épaisseur. Le banc de rocher qui les sépare a ordinairement 3 à 4 mètres ; sur quelques points il manque totalement et les deux veines de combustible se trouvent alors réunies. La galerie principale servant à l'extraction du charbon a aujourd'hui plus de 600 mètres de longueur suivant la direction de la couche dont elle n'a pas encore atteint les limites. On y établit un chemin de fer dans toute son étendue. Le massif d'anthracite situé au-dessus est divisé en plusieurs étages d'exploitation qui, près du jour, sont presque entièrement épuisés. Au-dessous de la galerie d'extraction, la couche de la Rivoire continue à s'enfoncer, mais elle n'a pas été explorée plus avant.
Outre le gîte dont nous venons de parler, on exploite dans la concession de la grande Draye, une autre couche dite du Crest qui se prolonge dans la concession de Comberamis ; elle est dirigée vers le nord-ouest et plonge fortement vers le sud sud-ouest. Cette couche n'a guère que 1,5 m de puissance, mais elle fournit du combustible de bonne qualité.

Galerie de la Bastille = niveau 7 (entrée au niveau du gîte de la Pierre Percée, au niveau du virage).
Galerie des trois embranchements = niveau 8 (entrée sur le chemin des grilleuses).
Galerie de la Grande Draye = galerie de la Rivoire = niveau 9.
Ces 3 galeries s'ouvrent dans la grande couche où à proximité immédiate.





Seules les concessions avec présence de la Grande Couche se sont révélées viables, la plus rentable étant celle de la Grande Draye qui donnait une forte production, elle sera le germe de la formation de la Compagnie des mines qui va regrouper les meilleures concessions. En 1869 on compte 300 à 350 mineurs dans les mines de la Grande Draye.

Une promenade sur les lieux

La société de tir à l'arc, Les flèches du plateau matheysin, a transformé de belle façon ce lieu qui devait être auparavant plutôt sinistre et quasi impénétrable. Un grand bravo aux adhérents qui ont fait un travail considérable sur plusieurs années. Le site reste ouvert aux randonneurs.
Nous empruntons le parcours noté en surcharge sur le plan des parcours de tir, il faut faire preuve d'imagination car les vestiges de l'exploitation sont maigres et ce lieu qui devait être complètement nu est aujourd'hui densément boisé. La plate-forme de départ est au niveau de la galerie des trois embranchements dont nous verrons l'entrée sur le chemin des grilleuses.


Les cibles de tir à l'arc (points rouges) sont réparties le long de différents circuits,
la promenade que nous proposons est balisée par les points jaunes.

On démarre au départ du circuit vert. Le sol est sur toute la montée constitué des stériles de l'exploitation, schistes et grès houillers, on trouve très peu de fossiles de plantes. On arrive sur une surface plane et dénudée, c'est le sommet d'un razzier. Il est formé des matériaux extraits au creusement du puits des Taverdons situé à proximité, de l'autre côté du chemin. Beaucoup d'interrogations au sujet de ce puits : exploitation charbon ? rôle dans remblayage ?


Le sommet du razzier

On revient sur nos pas et l'on suit le chemin horizontal qui conduit au départ du parcours bleu qui, par petits lacets monte directement au sommet. On rentre dans une partie évasée, avec une falaise à droite, la grande couche remplissait ce grand creux. Sur cette falaise, limite de la couche, on trouve quelques très rares fossiles de plantes.


On arrive dans un grand creux, là où se trouvait la grande couche qui arrivait à l'air libre.


Vue prise un peu plus haut.


Sur la crête on rejoint le chemin qui conduit à la Pierre Percée, pour le retour on le prend dans le sens de la descente. On marche sur le sol carbonifère, couches très redressées de grès très fin (pélites).
On peut voir, du côté gauche, des vestiges des réservoirs construits pour le remblayage des galeries. L'eau pompée de plus bas était mélangée, au niveau du puits de Taverdon, avec les schistes houillers exploités à une carrière proche, pour faire une boue qui est injectée dans les parties à remblayer. Cette technique se développe à partir de 1914.


Pélites carbonifères très redressées.

          
Un accès à un des réservoirs d'eau pour le remblayage.



Le chemin des grilleuses

Devant le stand de tir à l'arc un chemin démarre en restant horizontal, il est indiqué "Chemin des Grilleuses" en hommage à ce personnel féminin qui, dans des conditions difficiles, triait le charbon.
Quelques vestiges le long de ce chemin permettent d'imaginer la période d'activité :
- L'entrée de la galerie des Trois embranchements notée N°8, aujourd'hui murée, tout près une autre petite entrée cachée par la végétation.
- En face un bâtiment où l'on voit en partie basse les voûtes d'accès.
- A la suite des entrées, 2 latrines et un petit bâtiment.
- Le chemin arrive à un grand terre-plein, un razzier aujourd'hui réaménagé et construit (propriété privée). Les matériaux sont ceux du creusement du niveau 8.


L'entrée de la galerie N°8


Un petit bâtiment en briques


Au centre de la photo, cachée par la végétation, un petit accès.


Un bâtiment que l'on devine construit pour l'exploitation.






Une grande esplanade, ancien razzier.



Un grand merci à Stéphane Revel pour ses remarques qui ont permis de modifier et compléter cette page (2020).


Pour ceux qui veulent en savoir plus :
- Page Aveillans, La pierre percée du site geol-alp, montrant l'importance du Houiller dans le secteur.
-Stéphane Revel : La Motte d'Aveillans - niveau 8, Le puits de Taverdon , Concession de la Grande Draye

↑MENUS↑