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L'ANCIENNE CARRIÈRE DE VILLARD-SAINT-CHRISTOPHE


Une carte postale qui montre l'emplacement des fours, la carrière se trouve plus à gauche hors photo.

Géologie

Nous sommes dans le Lias, étage du Lotharingien, comme pour les carrières de Pont du Prêtre, Siévoz et La Motte Saint Martin .
Les épaisses strates sont presque verticales au voisinage de la faille de Comboursière, voir la coupe du secteur dans la page Le Grand Serre du site géol-alp

Historique

Le Patrimoine en Isère :
En 1878, après quelques frictions, Amédée Morel, Félix Clet fils, Eugène Lambry, Irénée Damaye, Pierre Brun et Albert Taulier sont autorisés à prospecter toute ressource exploitable dans le sous-sol communal et demandent concession des bancs de pierre à ciment. L'année suivante, la société Damaye et Cie est autorisée à construire une baraque en planches et 3 fours à chaux ou ciment au mas de Vaujallas, sur leur terrain (parcelle B 73). La cuisson se fera au charbon de pierre et les exploitants feront la trace du chemin en hiver. Sur le modèle de Vicat à La Pérelle, l'eau ne sera utilisée que pour les appareils d'aération des galeries et le broyage de la faible quantité de ciment consommée sur place. Le ciment cuit est descendu à Jarrie pour broyage. La société passe au début du XXe s. dans les mains des ciments Pelloux dont les statuts de 1912 mentionnent trois fours contigus (150 m3) et un quatrième (20 m3), hangars ateliers et bureaux de l'usine à chaux et ciment, une voie ferrée d'environ 200 m la reliant aux carrières... Le tout a cessé de travailler au plus tard avec la fermeture des ciments Pelloux, à la fin des années 30.

La cote 2O553/5 des ADI nous donne quelques renseignements fragmentaires :
- du 18/11/1893 au 25/11/1894 Pelloux père et fils, fermiers de la compagnie Damaye ont extrait 989 m3, la location est fixée à 300 F.
- pas d'exploitation en 1899 et partie 1900, du 15/10/1900 à 15/10/1901 on a extrait 100 m3
- Il semble qu'il n'y ait pas eu d'extraction de 1902 à 1918.

Cette exploitation a donc été active surtout au début dans les années 1880. On a probablement aussi extrait pour la construction du village où l'on constate une importante utilisation du Lotharingien comme pour l'église.

Vestiges des installations

Nous vous renvoyons à la page de Stéphane Revel avec de nombreuses photos des quelques vestiges que l'on peut encore trouver dans une végétation devenue envahissante.
Le Patrimoine en Isère :
L'exploitation, étagée dans la pente escarpée de la gorge de la Jonche, comprend trois entrées de galeries plus ou moins superposées, deux sites de four et un petit bâtiment annexe. Ce dernier, bas et privé de toiture, est installé sur une terrasse soutenue de murs et flanqué dans sa longueur d'un muret bas et épais en faible pente. La cuve circulaire des fours est incluse dans une maçonnerie rectangulaire aujourd'hui arasée au-dessus des bouches (2 m maximum). L'un d'eux est éventré et son massif double, installé dans une zone particulièrement pentue, a nécessité des terrassements particuliers (mur de soutènement en bord de route, confortement d'angle de la terrasse). L'ancien chemin d'accès aux fours est encore discernable, au départ du parking. L'accès aux galeries, percées un peu plus en aval de la gorge, n'est plus sensible. Celles-ci conserveraient une cheminée bâtie extrêmement élevée d'après témoins.

Les carrières

4 ou 5 entrées de galeries superposées profondes avec des accès entre elles (attention danger, effondrements) on exploite certaines strates très pentées. A gauche on a la surface de stratification où l'on peut voir quelques ammonites.
Une autre galerie isolée, un peu plus à l'ouest, peu profonde, peu exploitée sans liaison interne avec une galerie supérieure dans le même banc. Elle fait l'objet du paragraphe suivant.


niveau 1




                                    → niveau 2


niveau 3


Un phénomène géologique rare



Une galerie a été creusée un peu plus loin, elle est peu profonde (fin de l'exploitation ou qualité insuffisante de la strate ?). Elle semble creusée dans une seule strate épaisse, d'environ 2,6 m (photo ci-contre). Les strates sont de plus en plus récentes en allant vers la gauche.

On est immédiatement surpris par l'aspect de la base de la strate de 1 m mise à nu. Elle présente comme le montre la photo ci-dessous un réseau de lignes parallèles distantes de 8 à 15 cm, chaque élément étant légèrement arrondi (les lignes sont en réalité horizontales). On retrouve la même structure sur les parties découvertes de la strate de 50 cm et sur la partie supérieure de la strate du coté droit de l'ouverture mais avec un intervalle entre ligne un peu plus important de l'ordre de 20 cm.



Les diaclases à gauche de l'entrée de la galerie sur la strate de 1 m.

A l'extérieur de la galerie on peut observer une coupe de la strate de 50 cm (voir les photos suivantes). Les lignes se révèlent être des diaclases qui découpent la strate dans toute son épaisseur et elles sont remplies d'une couche de calcite de 0,8 à 1 cm d'épaisseur. Cette calcite semble s'être faite au détriment du calcaire, elle n'est pas visible lors de l'observation de la surface de la strate, les bords des éléments rebiquent et la cachent. D'autre part les éléments sont légèrement courbés.

Cette découpe en éléments aussi réguliers et minces par rapport à l'épaisseur de la strate interpelle fortement et l'on revient de cette observation avec quantité de questions.



     


Qu'en est-il sur les autres strates ?

La strate de 1 m
, dont on a vu le beau réseau de diaclases à gauche, en entrant dans la grotte.
Sur la coupe ci-contre on voit que les diaclases ne traversent pas toute la strate mais s'arrêtent sur la grosse cassure irrégulière qui coupe la strate en deux.





La strate de 2,6 mdont l'exploitation donne la grotte ne présente pas de diaclase à part une cassure importante qui se propage dans les autres strates.



La strate suivante, dont on ne voit que la face inférieure, à droite de la grotte, présente un réseau de diaclases séparées d'une vingtaine de cm. On ne la voit nulle part en coupe.



Les cassures dans les strates qui doivent s'adapter aux plissements sont courantes, elles sont plutôt erratiques et fonction des zones de faiblesse ou bien si elles sont répétitives leur écartement est généralement supérieur à l'épaisseur de la strate.
Ce découpage en tranches minces et régulières est probablement peu courant car on ne retrouve rien de tel dans la documentation classique et nous n'avons encore obtenu aucun éclairage précis auprès des hommes de l'art.

C'est dans un ouvrage de vulgarisation que l'on trouve une allusion à ce phénomène, le merveilleux livre de Maurice Mattauer, Ce que disent les pierres, pages 82 et 83.
L'explication est illustrée par les schémas, c'est la courbure de la strate qui induit ce réseau de diaclases.




Cette explication intéressante mais générale ne répond pas complètement à nos questions :
- quelles sont les caractéristiques particulières de la contrainte ? A quelle profondeur ?
- La couche doit elle être d'une grande homogénéité pour éviter des cassures dues à des défauts ?
- Comment s'est formée la calcite, dans quelle ambiance ?
- ...

A suivre...

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