Itinéraire
Entraigues - Le parking est à côté de l'église, le départ 100 m plus loin à la sortie du village côté Gragnolet. Altitude 810 m en
direction du Vet. Le torrent a détruit le début du parcours dans la partie hors Parc, il est tracé dans le lit du
torrent. Le sentier monte tout le long sans concession, après 3 h environ on atteint l'altitude 1850 un peu avant
le replat où arrive
le sentier venant de Dessous la Roche. On prend le sentier qui part à droite en dessous de la falaise de spilite
(les pointillés rouges) le chemin s'arrête sur une crête où l'on peut voir 150 m plus bas l'arche du Vet, une magnifique
formation de dolomie jaune que l'on rejoint dans une pente prononcée mais sans danger (les tirets rouges).
Une des plus belles formations du Parc des Ecrins, très discrète et peu connue mais qui fait partie des
201 propositions de Géosite du Parc [RHA-0063 Arche de Vet, un relief ruiniforme produit par cargneulisation
des dolomies]. Mais promouvoir ce lieu nécessiterait de faire un sentier dans la partie terminale pentue ou
refaire l'ancien sentier au départ de Gragnolet, aujourd'hui impraticable et plus répertorié sur les cartes
actuelles, ce qui ferait
gagner 250 m de dénivellée (ce sentier est dessiné la carte "La Mure" au 1/50000
de 1937 du Service Géographique de l'Armée).
On l'aperçoit parfois de loin, au pied d'un triangle de dolomie altérée jaune qui contraste dans un environnement
de roches sombres,
comme le montre la photo ci-contre prise du col de l'Eterpat sur le flanc du Gargas,
mais toujours de profil, elle apparaît comme une excroissance verticale qui intrigue et donne envie d'aller
voir de plus près.
Il faut s'en approcher à 150 m pour la voir de face.
Nous sommes dans la partie périphérique du massif des Ecrins (zone corticale).
Toute la montée se fait dans le socle cristallin identique à celui que l'on a de l'autre côté de la
Malsanne : au début la formation du Taillefer (conglomérats métamorphiques) puis la série plutono-volcanique
du Dévono-Dinantien, surtout des micaschistes.
En arrivant sous les falaises de spilites nous sommes dans les dolomies du Trias, on longe les falaises
jusqu'à une petite crête d'où on aperçoit les dolomies plonger dans la pente au pied de laquelle on peut
voir l'arche du Vet.
Au-dessus de plusieurs couches de spilites on trouverait le Lias qui donne le dôme du Vet et les pâturages, une
stratigraphie tout à fait classique mais perturbée par des failles.
Voir la page Entraigues du site
Géol-alp.
Une des premières coulée de basalte, aujourd'hui transformé en spilite. Les éléments clairs sont des
morceaux de dolomie.
Entre deux coulées, un petit intervalle de dolomie (gris clair) et de cendres (rouges).
Ce basalte s'est écoulé, ici, dans l'eau, on retrouve des formes qui font penser aux pillow lava (laves en coussin).
Ce terrain fait de dolomie et d'argilite est pris en tenaille entre deux formations rigides et entre
deux failles (du Jas des Agneaux et du Vet). D'où les plissements, les cassures et le broyage (mylonite).
Les argilites accompagnent souvent la dolomie, elles sont rouges ou vertes selon l'oxydation du fer.
Alternances de dolomie, argilite rouge et parfois verte
photo agrandissable
La récompense après 1000 m de dénivellée, première vue sur cette belle et étonnante formation
mais il faut encore pour s'en approcher plonger de 150 m
dans la pente herbeuse sur les dolomies.
Vue côté est presque de profil, dans le contexte général : pente de Trias dolomitique, les zones claires
ou herbeuses et les coulées de spilite sombres, à quelques mètres au dessous on tombe dans les pentes de roches primaires.
Face ouest de l'arche, qui est orientée nord-sud dans la direction de la pente, l'ouverture de gauche a une hauteur
d'environ 4 m, ce qui donne comme hauteur moyenne environ
16 m mais le pilier sud dépasse les 20 m. Le sommet est quasi horizontal avec un développement de la végétation.
Gros plan de trois-quart côté est.
Gros plan, côté est, sur une cavité qui débouche de l'autre côté par une petite fenêtre.
L'intérieur réserve un abri qui a été utilisé et amélioré car on voit des encoches pour fixer des poutres.
Gros plan sur le bas du pilier sud qui montre une structure différente du reste de la formation.
A notre connaissance il n'existe pas d'étude géologique de cette formation pratiquement pas citée.
Nous proposons quelques remarques et hypothèses :
- La roche qui constitue l'arche est une cargneule polygénique,
c'est à dire constituée de plusieurs éléments,
comme le montre les photos et en particulier la photo ci-contre, c'est une brèche de petits éléments de roches triasiques
: dolomie (majoritaire), argilite rouge, argilite verte, socle et spilite (rares). C'est une mylonite recimentée et devenue plus compacte et
moins altérable que les dolomies voisines tectonisées.
- Cette brèche a été progressivement sortie de terre par l'altération du voisinage, sculptée et percée
à différents niveaux par les circulations d'eau.
- Sur la partie sud, la plus basse, on voit bien le passage progressif de la roche compacte
(dolomie ou calcaire dolomitique) très diaclasée par la tectonique jusqu'à la mylonite.
- C'est le résultat de la tectonique alpine, on pense que l'âge de ces cargnieules polygéniques
est inférieur à 20 millions d'années.
Voir et toucher cette belle construction peut suffire au bonheur d'un passionné de géologie mais cette sortie
offre d'autres satisfactions et des sujets de méditation et d'observation pour cette longue montée.
Nous ne montons pas sur un sentier tracé pour les randonneurs mais sur un chemin traditionnel créé il y a
longtemps pour l'accès aux pâturages du Vet. Il est aujourd'hui moins bien entretenu et nettoyé
des chutes de pierre que par le passé où il était une voie utile, le chemin est devenu un sentier.
Il y a un panneau intéressant au parking dont nous reproduisons deux extraits. Ci-contre une explication
des étages de la végétation le long d'une coupe de 1600 m entre Entraigues et L'Arcanier et ci-dessous
la présence de l'Apollon dont l'existence dépend de la Joubarbe.
Un très vieux chemin, raide, montant en lacets avec quelques reste de murets en pierres sèches.
Un chamois avec sa belle robe d'été, claire, beige fauve.
Une jeunesse perturbée !
...et des joubarbes nourrices de ses chenilles
Une courte respiration hors du minéral dans un petit bois de fayards.
L'apollon a besoin des hivers froids de la moyenne et
la haute montagne...
Un panorama sur le côté opposé de La Bonne pris le matin dans le début du sentier.