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LA HAUTE VALLÉE DE LA MALSANNE
La faille du col d'Ornon


Une partie de la vallée vue de l'est au-dessus des chalets des Rondons. La faille court le long des abrupts ouest. De nombreux cônes de déjection actifs et les deux principaux olistolites du Secondaire (points jaunes).

Cette vallée est adjacente à celle de la Bonne qu'elle rejoint à Entraigues, elle a des caractéristiques bien différentes :
- elle débouche au col d'Ornon qui permet de rejoindre la vallée de Bourg d'Oisans
- elle court le long de la faille du col d'Ornon et se trouve dans le lias schisteux coincé entre les deux blocs du Taillefer et des Grandes Rousses.
- des torrents très réactifs aux conditions météorologiques qui ont toujours perturbé la vie des habitants y compris aujourd'hui malgré les travaux effectués. Les sédiments transportés par la Malsanne lui valent cette appellation péjorative en opposition à la Bonne aux eaux claires coulant sur le cristallin.

Un haut-lieu de la géologie moderne, la faille du Col d'Ornon

La présence de gros blocs de spilite et dolomie le long de la pente bordant la vallée à l'ouest constituait une véritable énigme dans l'ancien contexte d'une Terre fixe. L'explication simpliste d'un éboulement quaternaire ne pouvait être satisfaisant car ces blocs sont accompagnés de calcaire liasique. La cohabitation de roches d'âge si différents était alors impossible à expliquer.
Dans les années 70 se termine la controverse sur l'histoire de la Terre, on a validé, par l'observation du rift médio-atlantique, la théorie d'une Terre mobile et l'on développe les détails de cette nouvelle pensée.
En 1979, Jean-Claude BARFÉTY et Maurice GIDON, géologues qui font des relevés pour la carte géologique, comprennent qu'ils sont devant un magnifique exemple de la théorie récente des blocs basculés.
Ces rochers (olistolites) résultent bien d'effondrements sur une pente, mais il y a bien longtemps, au Lias, lors du fonctionnement des blocs basculés avant l'ouverture, plus à l'est, de la croûte continentale et le début de l'océanisation.
Ces rochers éboulés vont être recouverts par les différentes couches déposées au Secondaire qui vont êtres plissées au Tertiaire lors de la compression alpine. Ils affleurent aujourd'hui après l'importante érosion qui a suivi.
Cette vallée va devenir un haut-lieu de la géologie, des photos se retrouvent dans les manuels de géologie de nombreux pays.

Pour les explications géologiques détaillées, il faut bien sûr consulter, parmi les nombreux sites internet qui traitent de ce lieu, celui d'un des deux découvreurs du site géologique en n'oubliant pas de lire la page non géologique qui raconte une belle histoire scientifique et humaine.

Ce site est dans le nouveau classement de 2020 avec 3 étoiles.


L'homme et la nature


Un réseau dense de cours d'eau venant d'endroits très pentus qui se réunissent dans la Malsanne (autrefois Marsanne) au départ déversoir du lac du Vallon.

A part une partie en légère pente après le col, la commune de Chantelouve occupe le plan incliné de 300 m de dénivelée entre la Chalp et la col d'Ornon. A l'est et à l'ouest des pentes importantes montant à 2792 m au Grand Armet. La commune est constituée de plusieurs hameaux installés le long de la pente. Aujourd'hui peu peuplée avec moins de 100 habitants au contraire du 19e siècle où elle en a compté jusqu'à 460.

La carte géologique nous montre que la totalité du sol utilisable est recouvert d'alluvions torrentielles ou de cônes de déjection.
On voit sur la carte ci-contre que le réseau hydrographique est important, un grand nombre de petits cours d'eau temporaires qui viennent de haut dans la montagne et peuvent se transformer en torrents dans les périodes de pluie. Ces ruisseaux passent près des zones d'habitation et même, comme à la Chalp, les traversent. Ils sont canalisés (insuffisamment on le verra plus loin) pour éviter leur débordement dans les période critiques.
Le terrain étant fait de calcaire argileux fortement tectonisé, en cas de fortes pluie les ruisseaux transportent une boue, que l'on appelle lave torrentielle, capable de déplacer des blocs de toutes tailles. Un rétrécissement dans l'écoulement crée un barrage et une accumulation en amont. Si cela se passe dans un hameau (La Chalp en 2014) les-rez de-chaussée peuvent être remplis par cette lave, les portes et les fenêtres ne résistant pas à la pression.

Survivre dans cet environnement a dû demander aux habitants beaucoup d'efforts et de persévérance, nous avons un précieux témoignage qui a été transmis au Musée Dauphinois. Il a été analysé par Isabelle Lazier dans le Mémoire d'Obiou N°8 : "Journal intime de Jean-Joubert-Ainarde, maire de Chantelouve (1821)" :

[...] Si j'entreprends de déscrire la triste position des propriétés aux terrains labourables des habitants de cette commune, je ne le pourrais sans déplorer leurs tristes situations, en raison des torrents sans nombre qui a la première aversse viennent fondre comme un volcan sur notre territoire, en envahïsent une partie et endomagent l'autre et très souvent les récoltes en tous genres.[...] Quoique la commune depuis les tems les plus recullés aye tollérés les eyssards par la raison qu'elle a laissé la faculté aux habitants de les remplacer en tout ou en partie par le moyen des déffrichements afin d'avoir à peu près toujours leur même contenu, mais aussi elle s'est toujours constamment opposée formellement qu'on ne déffricha pas les endroits ou il y a du bois, ny ou il y aurait des combals à moins de les laisser subsister tels qu'ils se trouveraient formés attendu que l'interet particulier ne doit pas nuire au Bien Général.
eyssards = terrain défriché par la coupe des arbres ou taillis et l'arrachage des souches et racines.
combals = ravines

Ce précieux document de 75 pages écrit par un paysan, commerçant-colporteur, maire de 1792 à 1815, est un guide de survie pour la commune de Chantelouve : gestion des terres, réfection des chemins ou leur modification, gestion des ressources en hiver... Il défend le statut de commerçant par le colportage qui crée une occupation et apporte des revenus pendant les trop longs hivers où l'on ne pourrait pas nourrir toute la population. Il ne parle pas de son expérience de 23 ans de maire et des relations avec les autorités sous 4 régimes différents : l'Ancien régime, la Révolution, l'Empire et la Restauration.

En 1860 est créé le service de Restauration des Terrains de Montagne (RTM). Depuis et jusqu'à aujourd'hui le RTM a fait d'importants travaux : barrages, creusement de lits, plantations... Pourquoi ce relatif échec puisque les débordements et les catastrophes n'ont pas cessé ?
On peut lire dans "Enigmes, curiosités, singularités" de René Reymond, pages 191 à 193, un article de journal relatant l'envahissement du hameau des Siauds par la lave torrentielle.

Le site de l'Institut des Risques Majeurs décrit et donne des photos des catastrophes les plus récentes :
- crue torrentielle du Torrent du Grand Rocher au hameau de La Chalp le 4 septembre 1998 : dépôt de matériaux dans le village (500 à 600 m3). Trois habitations touchées.
- crue torrentielle du Torrent du Grand Rocher au hameau de La Chalp le 24 juillet 2000 : dépots de matériaux sur la voirie communale et le lit du torrent (600 m3).
- crue torrentielle du Torrent du Grand Rocher au hameau de La Chalp le 9 août 2001 : dépôt de matériaux (2 500 m3).
- lave torrentielle du Torrent du Grand Merdaret le 27 juillet 2003 : engravement du lit du torrent très important et affouillement des berges.
- crue torrentielle du Torrent du Grand Rocher au hameau de La Chalp le 2 août 2014 : 12 000 m3 de matériaux déposés dans le hameau. Il s'agit du volume de matériaux le plus important observé sur ce torrent depuis la fin du XIXe siècle.

Une autre importante nuisance est apportée par les avalanches.


Les pentes à l'ouest sont en cristallin, celles de l'est en calcaire liasique argileux très plissé : ici les strates sont à la verticale. L'érosion facile va alimenter les laves torrentielles lors des fortes pluies.


Une lutte bien difficile ! Les intervalles entre deux barrages sont rapidement comblés et les barrages finissent par céder à la pression.
Au niveau du point jaune un dispositif d'avertissement du danger affiché sur la route.





Sur les trois photos on voit des exemples d'aménagement de différentes époques sur les parties hautes des ruisseaux.


Autres articles à consulter :
- Madeleine Casanova, Vieux village(s) au col d'Ornon, Mémoire d'Obiou N° 8 et La voie du col d'Ornon, Mémoire d'Obiou N° 2
- Hugues Lavoye et Isabelle Lazier, Martin Bosse, marchand colporteur au Périer, Mémoire d'Obiou N°12 : un colporteur tour à tour dentiste, marchand d'arbres et de graines.
- Jean Gueydan, Les siècles obscurs du Valbonnais, Mémoire d'Obiou N° 11 : des Proto-Celtes s'installèrent au lieu-dit La Palud, au Col d'Ornon vers 750 AC (premier âge du fer). Ils rançonnaient les voyageurs. Ils disparurent vers 400 AC.

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