Le Connex vu de la colline de Payon
Le Connex, massif débonnaire qui culmine à 1710 m à son sommet sud La Peyrouse est facilement accessible à pied par de nombreux itinéraires et par une route pastorale, récemment refaite (points jaunes sur la photo de tête) qui part de Notre-Dame de Vaulx et arrive au chalet de l'As [ase, âne], ce chalet , centenaire, vient d'être rénové avec une partie pour les randonneurs.
Le chalet de l'As rénové et la partie accueil des randonneurs.
La partie sommitale du Connex est un
grand pâturage très valloné (photo ci-dessous) avec plusieurs sommets : La Peyrouse au sud (1710 m, Beauregard au nord
(1632 m) et Les Trois Têtes à l'ouest (1564 à 1639 m).
Sa situation en fait un belvédère exceptionnel avec vue sur tous les massifs environnants, vue plongeante sur les
vallées et l'agglomération grenobloise.
C'est un lieu recommandé pour les randonneurs et les promeneurs, le plaisir est renouvelé au fil ces saisons, la flore
est très riche.
Vue de la Peyrouse sur le reste du massif et sur l'agglomération grenobloise
(photo de gauche) Au niveau du chalet, sur le talus, non visible de la route, un magnifique bassin d'environ 5 m sur 1 m
taillé dans un seul bloc de calcaire de Laffrey. Il était à l'origine à Notre-Dame. Il mériterait une
meilleure exposition.
(photo de droite) Une pierre gravée sur un bloc de spilite en montant à Beauregard.
Le Connex a toujours été un alpage important d'accès facile, les troupeaux de bovins et les groupes de randonneurs cohabitent sans problème.
Beauregard avec la bergerie, le petit lac et une partie des troupeaux.
A l'inverse de la photo idyllique ci-contre, un problème récent, suite aux traitements sanitaires des
troupeaux, les bouses ne sont plus biodégradables facilement, on retrouve celles des années précédentes
ou leurs traces sur une herbe brûlée.
Le Connex n'est pas l'endroit idéal pour faire de la géologie : pentes raides et boisées, le sommet en pâturages, il faut faire profit des rares affleurements, c'est finalement un jeu de piste amusant à la recherche des blocs dispersés de spilite (les plus nombreux) et de dolomie. (Une idée de TP pour les groupes de géologie !)
La route pastorale : les points jaunes. Les numéros : les points repères du texte.
Les traits violets représentent
l'enveloppe des pointements de spilite.
La route balisée "Chalet de l'As" part de Notre-Dame-de-Vaulx, construite sur les alluvions
notées Gw sur la carte géologique, moraines würmiennes de la diffluence du glacier de la Romanche.
Elles sont présentes jusque sur le "Faux plateau" replat avant les pentes.
Une première reconnaissance au niveau du point 1, au grand virage à gauche, nous pose question :
un désaccord avec la carte géologique qui mentionne deux grandes zones de calcaire de Laffrey introuvables dans cette
partie bien cultivée et sans un bloc émergeant. De plus sur les chemins on ne voit que des matériaux
divers alluvionnaires.
On passe ensuite dans le Lias sup. dont on a un bel affleurement d'Aalénien très marneux dans le dernier
virage (2) avant la longue traversée finale (photo ci-contre). On y reste quelques centaines de mètres,
c'est ensuite un Lias calcaire moins argileux.
La principale curiosité géologique du Connex, constitué en majorité de Lias, est ses chevauchements.
Voir la page Montagne du Conest et vallon de Vaux
où M. Gidon décrit le chevauchement du Senépi et celui du Conest.
Nous allons chercher les indices encore visibles de ces deux chevauchements, d'abord celui du Conest
qui est au-dessus de la route et passe à l'est du sommet de Beauregard. On trouve de la dolomie et de la spilite
1 kilomètre environ avant le chalet (point 3). Le point suivant se trouve après le chalet au-dessus de la route (4),
c'est l'affleurement le plus important. Ensuite , en montant à Beauregard on a tout un alignement de
blocs de spilite, au dessus-du bois de fayards (dolomie) (5), il se continue en passant côté est du sommet.
Dolomie et spilite au point 4.
Gros plans sur un alignement de blocs de spilite.
En violet les pointements de spilite à Beauregard.
Pour matérialiser le chevauchement du Senépi, il faut monter au sommet principal, La Peyrouse, le chemin est sur le Lias calcaire. (a remarquer l'ancienne borne en spilite, marquant le sommet, gravée 164 ?). On trouve des blocs de spilite un peu en dessous du sommet au sud-est et on peut les suivre en contournant La Pérouse en descente modérée en direction du mamelon rocheux, à côté du Grand Lac, entièrement en spilite. Ensuite on voit un bloc dans le flanc des Trois-Têtes. Le Trias doit se retrouver logiquement à l'endroit nommé "le Plâtre" où il y a eu, dans le passé, des prélèvements de gypse.
Spilite sur le flanc de La Peyrouse
En violet l'alignement des spilites, un seul bel affleurement : le mamelon près du lac.
Nous avons suivi le niveau des spilites, on trouve, en moins grande quantité, de la dolomie (sur Beauregard), les chevauchements passent donc un peu plus bas (voir geol-alp).
La photo ci-contre est celle d'un bloc trouvé à Beauregard, il est intéressant car il représente la limite
entre les dépôts de dolomie et l'éruption du basalte à la fin du Trias. On voit nettement de bas en haut
la dolomie, une zone intermédiaire perturbée avec mélange de dolomie et de spilite à l'arrivée de la coulée,
puis la troisième partie purement spilitique.
Deux remarques concernant la carte géologique (Vif) :
- Au point 4 la stratigraphie dolomie/spilite est inversée par rapport aux autres endroits ( ? pas très évident)
- La spilite est mise côté ouest du sommet de Beauregard alors qu'elle est manifestement de l'autre côté.
Il est manifeste que la morphologie du Connex est d'origine glaciaire. Les premières glaciations atteignaient les hauteurs de la Matheysine dont le relief était moins accusé et l'altitude moyenne plus élevée (voir
La matheysine au Tertiaire).
La carte géologique (Vif) mentionne un bloc erratique sous Beauregard (nature ?), nous ne le
retrouvons pas, par contre on peut voir quelques blocs exotiques: galets de granite sur le chemin allant
à la bergerie, granite dans les piliers de la de la table d'orientation de Beauregard (en supposant, ce qui semble
logique, que les blocs ont été pris sur place).
En descendant un peu en dessous de la Peyrouse au sud on parvient au sommet du spectaculaire ravinement qui aboutit 1000 mètres plus bas dans le vallon de Vaulx. Il est aujourd'hui repris par la végétation.
Ce ravinement n'a pas d'explication précise, Claude Beaudevin lui donne
une origine glaciaire : "les ravinements du type B sont, quant à eux, engendrés lors de la réunion des eaux glaciaires de deux glaciers lors de leur confluence. Ces ravinements se forment lorsque deux glaciers, s'écoulant dans deux vallées voisines séparées par un relief, confluent à l'extrémité de celui-ci ; leurs eaux glaciaires latérales s'y réunissent alors, donnant naissance, dans certains cas, à ce que nous avons appelé parfois ailleurs dans ce site ravinements de confluence. Il doit falloir remonter à une très ancienne glaciation pour l'initiation de cette formation.
Le ravinement de la Peyrouse, Le Majeuil (960 m) construit en bordure est 700 m plus bas
Des blocs de granite dans les piliers de la table d'orientation
Un grand merci à Huguette et Bernard Artemon, fins connaisseurs des lieux, pour leur aide.