Un cruel face à face : l'église dans toute sa magnificence
au début du siècle dernier et notre église aujourd'hui décapitée et au ciment rongé.
Il n'est pas question de revenir sur l'histoire de l'église, Pierre Berthier, Victor Miard, René Reymond ont beaucoup écrit à ce sujet. Un article de Guillaume Benoist, Le chemin de croix des églises muroises, paru dans le numéro 15 de Mémoire d'Obiou fait une excellente synthèse et y rajoute la situation actuelle. Nous voulons simplement donner quelques photos du "démontage" du clocher.
Aujourd'hui on peut dire que l'architecte diocésain Berruyer a eu tort de ne pas construire cette nouvelle église dans
le style "matheysin"
comme l'ancienne à savoir blocs taillés de calcaire de Laffrey pour tout ce qui est important ou visible, le remplissage des
murs avec les nombreuses roches très compactes et denses que nous ont laissées les glaciers et pour limiter le
poids du clocher, le travertin, que l'on trouve en quantité à proximité.
Il faut dire que nous étions en plein dans la période de "l'or gris" dont Grenoble était le centre. On construit en ciment gris
la Casamaure, l'église Saint Bruno entre 1870 et 1881 et de nombreux grands immeubles ornés de moulages. Si l'on rajoute de
probables influences de la part de la famille Pelloux (Ferdinand, notable murois maire quelques mois à deux reprises en 1881 et 84
et son frère qui a ouvert la cimenterie en 1869), on comprend le choix de l'architecte. C'est donc le ciment qui est choisi sauf
les murs montés en moellons de calcaire de Laffrey non crépis. Même le clocher est en ciment ce qui représente une très importante
masse à supporter par l'édifice.
Le ciment a mal vieilli, est-ce à cause du ciment lui-même ou de la qualité de la réalisation des bétons ? (on a fait la
même constation dans les côtés des écoles Pérouzat). On a dû prendre récemment une première mesure de sauvegarde très dure :
démolir le clocher, non parce qu'il n'était pas réparable mais parce que l'on a vu que l'infrastructure n'était plus capable
de supporter encore longtemps son énorme poids.
Voir l'article du Dauphiné Libéré du 3 décembre 2009.
Toutes les parties cimentées sont rongées.
Par contre le calcaire de Laffrey n'est pas du tout altéré.
9 août 2009
Un spectaculaire échafaudage a été installé dans le but de réparer le clocher
21 avril 2010
Après plusieurs mois, la décision est prise.
La dépose de la croix.
Les expertises ont montré que les fentes du clocher étaient réparables mais
que le mauvais état de l'infrastructure du clocher imposait une dépose du clocher pour éviter à moyen-terme
une catastrophe.
29 avril
Va-t'on descendre les gravats seau par seau ?
2 juin
Non ! On a installé en mai une imposante grue un peu plus haute que les 60 mètres atteints par le clocher.
7 juin
24 juin
18 juin
8 juillet
1er septembre
On est arrivé au niveau des cloches que l'on protège pour terminer la démolition.
20 juillet
6 septembre
la démolition est terminée, on va protéger les cloches avec une construction en bac acier.
2 octobre 2010
1er octobre, on peut remettre la croix
Ceci fait, le problème n'est toujours pas résolu, le ciment sur le reste de l'église continue à se dégrader, une campagne de restauration sur tout l'extérieur est nécessaire. Quant à un nouveau clocher ?
Au premier niveau les vitraux, au centre Saint Bruno, à droite Monseigneur Fava, évêque à l'origine de l'église, à gauche Monseigneur Henry évêque au moment de la consécration de l'église.
Au dernier niveau, les cloches protégées par un entourage en tôle bac acier.
Au deuxième niveau, l'horloge, le mouvement Badier-Paulin est partiellement encore en place, l'horloge est aujourd'hui électrifiée comme les quatre autres horloges muroises.
Vue sur la charpente de la nef.
Photo en page 63 de Mystères et Curiosité de l'Histoire de René Reymond avec le commentaire :
Photos inédites. Fontaine de la place du Docteur Béthoux, établie en 1779.
Photo remontant à 1895.
Au fond, à gauche,
la maison du député Louis Guillot qui sera démolie avec ses dépendances pour donner accès à la nouvelle église
Carte postale de l'église prise avant 1920, date où l'on a enlevé la fontaine sur la place de la Confrérie.
Jouez au jeu des 7 erreurs entre ces deux photos (les personnages autour de la fontaine, l'état et l'ouverture
des volets...). Et oui, il est manifeste que la "photo" de gauche soi-disant datant
de 1895 est une "vue d'artiste" faite par modification de la photo de droite postérieure.
La supercherie est aussi visible par le trait du dessin sur les parties rajoutées ou modifiées.
Mais on peut trouver la photo ci-dessous réellement prise avant l'ouverture sur la rue dans La Mure autrefois de Jean Garnier.
Octobre 2016, Bulletin d'informations municipales Le Breuil
2 novembre 2018, Le Dauphiné Libéré
Conclusion, attendons deux ans.
Il est probable que les Murois ne reverrons pas de clocher sur ce porche bien malade comme d'ailleurs le reste de l'église.
Une proposition : construire un campanile à côté de l'église !
Il est difficile de ne pas évoquer l'époque de la construction, il est dommage que l'abbé Morel dans sa haine de la République et des Républicains n'ait pas accepté l'aide du maire Chion-Ducollet qui, pour ses constructions (toujours en bon état), faisait surveiller au jour le jour le respect des cahiers des charges. Son projet était une église surélevée par une crypte de façon à accéder à l'église en montant. Symboliquement il était contre une église enterrée par rapport à la rue.