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ANCIENNE ÉGLISE

photo de l'ancienne église en 1900
L'ancienne église de la Mure avant 1900 telle qu'était depuis 1672 après l'ajout du vestibule.


L'église et la cure récemment construite.
Huile sur toile de François Rostaing, 1849

L'abbé Dussert écrit qu'un prieuré s'est installé au XIe siècle "dans un lieu désert, au milieu des bois qui couvraient les pentes du calvaire". Il situe à ce moment la renaissance de la Mure anéantie après les nombreuses invasions dont la dernière, celle des Sarrasins au début du VIIIe siècle. Le prieuré a été un centre de peuplement, les religieux avaient besoin d'artisans : tisserand, meunier, tanneur et de domestiques. "La Jonche vit s'élever sur ses bords des moulins, des battoirs et divers autres artifices". A cette époque, le château delphinal était situé à Cognet, lieu reculé et tranquille, il sera construit à La Mure au XIIe siècle.

Les religieux ont rapidement construit trois églises, celle qui nous concerne dédiée à la sainte Vierge, et deux autres dédiées à Saint-Jean Baptiste et à saint Maurice dont on ignore la position et leur histoire.
L'église a été consacrée en 1058, tout en étant celle du Prieuré elle servait d'église paroissiale. Construction romane massive avec contreforts, couverte de chaume. En 1497 elle renfermait 8 chapelles.

Démolition pendant les guerres de religion


L'église a été victime des guerres de religion. En 1579 Lesdiguières, pour bâtir la citadelle près du calvaire fait démolir le monastère qui était en très mauvais état et dans la foulée l'église et le clocher.
On s'est longtemps posé des questions sur l'importance de la démolition. Un architecte grenoblois, Bugey, pensait que l'abside et le clocher étaient d'époque carlovingienne. L'abbé Dussert pensait que les protestants avaient démoli l'église et le clocher pour des raisons stratégiques du fait de leur position hors les remparts. Depuis la controverse a été résolue : René Reymond a déniché un plan dessiné en 1580 par Ercole Negro, ingénieur de Lesdiguières, pendant les opérations militaires du siège. Comme on le voit sur le détail ci-contre l'église est en ruine et le clocher n'apparaît pas. Notre église et le clocher ne sont donc pas aussi anciens que l'on pouvait le croire.
Contrairement à ses prévisions Lesdiguières voit arriver une importante armée avec de nombreux canons que le duc de Mayenne va installer sur les hauteurs, dominant la ville, non protégées ; Beauregard, Péchot. La Mure va capituler et la citadelle est rasée ras terre en 1581.

vue du cimetière
Chiesa aruinatta et absence du clocher sur le plan d'Ercole Negro.

La reconstruction


La question de la reconstruction de l'église se pose rapidement mais le duc de Mayenne ne rend pas rapidement les matériaux. Ce n'est qu'en 1602 que les travaux sont décidés pour reconstruire au même lieu et à la manière qu'elle était auparavant, elle est terminée en 1606 si l'on en croit la date gravée au dessus de la porte latérale (photo ci-dessous).

Une question se pose au sujet du portail aux colonnes à bossage qui ne sera mis que plus tard, on lit sur la brochure du conseil municipal, Budget de 1902 : Le portail si remarquable, en pierre de taille du pays,donnant accès sur la route de Nantes, est également fort ancien. La légende plutôt que l'histoire nous dit qu'après la démolition de l'église il fut placé à l'entrée de la citadelle. Les protestants le revendiquent comme ayant appartenu à l'ancien temple qui existait à l'extrémité de la rue Pierre-Grosse.

La difficile cohabitation de la Confrérie des Pénitents et du clergé murois amène à doter l'église d'un vestibule et d'une chapelle à l'étage pour les Pénitents. Les travaux sont commencés en 1659 mais terminés en 1672. Comme on le voit sur la photo en tête de page ce doit être à ce moment là que l'on met l'ancien porche (ou celui du temple ?).

En 1867 un rapport de l'architecte Berruyer est très clair, pour lui l'église n'offre aucun intérêt, la voute est lézardée d'une manière effrayante, elle n'est pas suffisamment grande pour le nombre de paroissiens, il conclut :
"En somme cette église offre un ensemble affreux, insalubre et dangereux. L'agrandissement n'étant pas jugé pratique, la reconstruction est reconnue urgente depuis très longtemps."

vue du cimetière
Vue du cimetière, l'église peu de temps avant sa réduction.

La démolition transformée in extremis en réduction

On connaît bien, aujourd'hui, la suite de l'histoire, elle est racontée par Guillaume BENOIST dans l'article "Le chemin de croix des églises muroises" du numéro 15 de Mémoire d'Obiou.. Il est le premier qui coupe court à l'idée reçue de la cause du raccourcissement de l'église donnée par un chroniqueur peu rigoureux et reprise ensuite par tous les suivants à savoir le passage du train alors qu'il n'était à l'époque qu'un projet encore peu élaboré.

En 1901 la nouvelle église est consacrée. Que faire de l'ancienne église en mauvais état et qui de plus a reçu la foudre le 12 mai créant des dégâts à la cime du clocher. La municipalité n'a pas les moyens pour la réparer. Le diocèse n'est pas intéressé. L'église sera donc rasée.
Alors que la démolition est commencée, la Congrégation du Saint Sacrement se manifeste en souhaitant sauvegarder cette église qui conserve beaucoup de souvenirs du Père Eymard. Un accord est rapidement trouvé entre la congrégation, le diocèse et Chion-Ducollet qui arrête rapidement la démolition. La congrégation qui ne peut agir directement assurera par l'intermédiaire du diocèse tous les frais de la restauration de l'église réduite au clocher, à l'abside, à la sacristie et à une travée en reculant la façade et le porche. Pour plus de détails, voir le compte rendu du Conseil Municipal de 1902.
Une maison est construite pour le gardien du cimetière ainsi qu'un entrepôt. On aménage la place devant l'église, les tilleuls ne seront plantés qu'en 1911.

De la reconstruction à nos jours nous avons le détail de l'histoire de l'église par un article du Père Fiorenzo Salvi, La Chapelle Saint Pierre-Julien Eymard à La Mure et le rôle de la Congrégation du St Sacrement de 1900 à nos jours. La Congrégation prend à sa charge,"pour le présent et l'avenir, les frais d'entretien de la vieille église de La Mure".
La reconstruction s'effectue avec lenteur en 1902 et 1903 sous la direction de l'architecte Bugey, l'entrepreneur Béthoux "est un brave homme mais ce n'est pas la poudre". L'hiver est très froid et long, en avril il tombe encore 20 cm de neige.

"Pendant la guerre 1915-1918 la Chapelle avait été utilisée comme hangar. Il reste encore ici et lè des outils pour travailler la terre et dans le choeur il y a aussi d'énormes troncs d'arbre. Le curé n'a pas osé protester avec le Maire. L'autel original a disparu (!). Il y a encore le fond baptismal à l'entrée. Ils réussissent à le sauver à temps : l'acquéreur l'aurait utilisé pour le saloir."

En 1925, l'année de la béatification du père Eymard, après de longues discussions avec la municipalité, la chapelle est remise en état. Comme nouvel autel on place l'autel en pierre de la Chapelle du Couvent de la Nativité. On enlève le banc de communion d'origine en bois. A sa place on installe le banc de communion en pierre de cette même chapelle des Soeurs. En 1926, le vitrail réalisé par Claude Lavergne, en l'honneur du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, est placé dans la fenêtre centrale de l'abside.

"A partir de la guerre de 1939, les mineurs polonais ont fait de la Chapelle leur paroisse. Ils ont fait peindre en haut dans l'abside une grande image de Notre Dame de Czenstokowa avec l'enfant Jésus qui tient un ostensoir dans sa main. ils ont également peint en bleu foncé les arcades et la partie basse des murs. Maintenant - après les remontrances de l'Evêque - ils ont cessé d'utiliser cette Chapelle et ils se sont intégrés à la paroisse.
L'avis du Procureur général de la Congrégation sur ces décorations : "c'est une horreur", "c'est d'un mauvais goût parfait". Le clocher a besoin de réparations urgentes, la municipalité fait rapidement le nécessaire.

En 1959 on installe trois nouveaux vitraux sur la vie du Père Eymard. Le 9 décembre 1962 le père Eymard est canonisé par le pape Jean XXIII.
En 1967 la chapelle est restaurée, on supprime les surcharges apportées par les Polonais, on revient vers l'aspect originel tout en gardant ce qui concerne le père Eymard. On célèbre le 1er août 1968 le centenaire de la mort du nouveau saint.

Durant les années suivantes on complète l'aménagement de la chapelle : peinture, renouvellement du matériel, électricité, chauffage... En 2009 on réalise une importante rénovation du clocher.


Les matériaux de construction

Calcaire de Laffrey en blocs bien taillés pour le soubassement, les angles de murs, les encadrements, les contreforts.
Pierres apportées par les glaciers, déchets de calcaire de Laffrey pour le reste qui sera crépi.
Il faut noter la bonne tenue du calcaire.

les parties en calcaire
Toutes les parties visibles non crépites sont en calcaire de Laffrey : soubassement, porche, angles, contreforts, encadrements. .

roches sous partie crépite
Par contre les murs crépis sont faits avec des matériaux divers : pierres apportées par les glaciers, chutes de calcaire de Laffrey.

un détail du porche
Détail des colonnes du porche.

date au-dessus de la porte
Au-dessus de la porte latérale, une date 1606 suivie de IZM. date de reconstruction de la nef après la destruction de la citadelle, le porche ne retrouvera sa place qu'en 1659.

le porche
Le porche en calcaire de Laffrey avec colonnes à bossages qui a résisté à plusieurs cycles de démolition-reconstruction.

bloc taillé
Encadrement de la porte latérale avec des blocs de calcaire bien travaillés pour constituer les colonnes.

Le clocher

Il a été reconstruit, comme on l'a vu plus haut, au début du XVIIe siècle comme l'église.
Il a été restauré à plusieurs reprises, la dernière tout récemment. La base est construite en calcaire de Laffrey, la flèche et les clochetons en travertin pour des raisons de poids, solution souvent employée.
L. Cailler, 1960 :" Le clocher est en tuf (cargneule) de Saint-Arey, de même que les sarcophages que l'on a trouvés". A noter l'erreur d'assimiler le tuf calcaire à la cargneule, ces deux roches d'aspect semblable à première vue sont de nature différente.

L'église vu de l'ouest
L'église vue de l'ouest, le clocher récemment restauré.




fabrication du travertin
Le travertin (ou tuf calcaire) se forme par précipitation du carbonate de calcium dans la végétation qui après décomposition donnera des vides dans la roche, d'où sa légereté.

le clocher
Le clocher en travertin.


A l'intérieur

le clocher
Les fonts baptismaux, une vasque sculptée sans fioriture dans un bloc de calcaire de Laffrey. Depuis quand ? à l'origine, à la reconstruction ? On a vu plus haut qu'ils ont failli disparaître après la guerre de 14-18. C'est une belle pièce représentative du patrimoine matheysin.





Les crépis et revêtements enlevés permettent de voir un bel appareil de blocs de calcaire de Laffrey.

le clocher





Voyage de Grenoble à la Salette, E. DE TOYTOT, 1863

L'église porte, comme toute la ville, l'empreinte d'une grandeur déchue, si toutefois cette grandeur a jamais existé.
La flèche seule du clocher présente quelque intérêt, avec sa balustrade flanquée de cornes tumulaires. Un portail disgracieux et lourd est supporté par deux énormes colonnes à bossages qui sont là, on ne sait trop pourquoi ; quant au corps de l'église, je ne puis le qualifier autrement qu'en disant qu'il a exactement le style et les proportions d'une grange très vulgaire ; le tout est entouré d'un triste petit mur à hauteur d'appui , de quelques arbres usés et fatigués par les vents de la Mure, ce qui n'est pas peu dire ; en sorte qu'on n'y retrouve point d'autre poésie que celle de la vieillesse et de l'antiquité, les seules choses peut-être dont ne puissent être dépouillées les églises rustiques.


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