Chion-Ducollet et
   La Mure - 1880 à 1914
- Introduction
- Débuts en politique
- La conquête du pouvoir
- Maire de 1886 à 1912
- 25 ans de construction
- Les finances
- Mine et Municipalité
- CD et Dr Tagnard
- Maire et Curé
- CD et le Père Eymard
- Maire et Conseil
- Voyages à Paris
- Les procès
- Les autres mandats
- Fêtes
- Villa
- Après la défaite de 1912
- Conclusion
Annexes
- Déroulement de l'étude
- Idées reçues
- Industries en 1840
- Chansons et poèmes
- La Mure en 1900
- Armoiries de La Mure



Conclusion

Aigle, Roi, Empereur de la Matheysine...
Despote, tyranneau de province, tyran, chef de partisans, dictateur...
Canaque du Collet...
Chef de la police municipale...
Individualité étrangère aux précédents suspects...
C'est un solide gaillard, taillé en hercule, un Damala des montagnes (Chinchole du Figaro).

Nous passons sur les multiples quolibets, injures, chansons, du fait de son patronyme, que l'on trouve dans toute la presse française (même en première page du Figaro !) lors de l'affaire des "robes blanches".
Il n'a jamais trouvé grâce, sur aucune décision, dépense ou réalisation de la part d'une opposition rendue peu crédible du fait du manque d'initiative et de réussite dans les municipalités précédentes. Les électeurs avaient un autre jugement puisqu'ils l'ont toujours élu largement pendant 25 ans (sauf en 1892 où il est passé près de la défaite).

Aujourd'hui, cette période faisant partie de l'histoire, Chion-Ducollet est reconnu comme un maire visionnaire, dynamique, doué d'une exceptionnelle puissance de travail, bon administrateur qui a sorti La Mure de sa léthargie et l'a hissée au rang d'une petite ville moderne dotée de toutes les infrastructures nécessaires. Un échec, il n'a pas pu faire venir des industries ou l'armée mais la mine compensera ce manque, après 1900 avec la mise en exploitation de la concession du Villaret et après son départ par l'installation des cité minières.
Il s'est donné les moyens de réaliser ses rêves d'une Mure moderne déjouant ainsi les critiques et les prévisions pessimistes de son adversaire politique le docteur Tagnard : "les somptueux édifices restant vides" "le colossal hôtel de ville réservant la désagréable surprise de ruineux imprévus", les nouvelles avenues bordées d'arbres "où nous pourrons aller étaler notre misère et notre pauvreté".

Une de ses qualités n'a pas été mise en cause par son opposition qui devait pourtant être très attentive, c'est sa probité et son désintéressement. Sa charge de Maire, non rémunérée, lui vaut quelques dépenses puisqu'il se déplace à ses frais. Il reverse, sous forme de matériels, les appointements qui lui reviennent en tant que notaire dans les transactions concernant la mairie. Lors de la construction du collège il fait à plusieurs reprises des avances de trésorerie...
Il est hanté par les "coulages" qu'il a constaté lors de son passage en tant qu'adjoint, pour les supprimer il crée des régies municipales responsables de leur propre budget, tout au long de ses mandats, il va surveiller lui-même très attentivement les comptes.
Plusieurs facteurs ont été une aide pour son action :
- les évolutions et le dynamisme du moment, il colle bien à son époque, il profite de l'arrivée du chemin de fer qui d'un coup désenclave La Mure, difficilement accessible jusqu'alors, il installe l'électricité sans délai.
- Durant ses trois premières années, il a dans son conseil le député de la circonscription, Louis Guillot, ce qui lui donne un relai efficace pour l'acceptation des projets et leur avancement auprès des ministères. Il peut mettre en réalisation son projet avec des délais étonnamment courts.
- Les électeurs lui évitent la présence de l'opposition au sein du conseil ce qui fait gagner un temps précieux en évitant discussions et palabres. Les votes sont rares et rapides. On ne revient pas en permanence sur le même sujet.

En suivant l'action de Chion-Ducollet durant ces 25 ans une question nous poursuit : pourquoi n'a t'il pas fait des efforts pour calmer l'agitation politique et ramener une certaine paix ? On a en permanence la désagréable impression qu'il a besoin, même s'il s'en plaint à maintes reprises, de ces oppositions violentes, un peu comme une drogue !
En 1896 après un mandat agité et avant les élections pour un nouveau mandat il écrit :" nous formulons le voeu que les Elections municipales du 3 mai 1896, constituent le point de départ d'une ère nouvelle, d'une ère de paix, de fraternité, de tranquillité, et nous ajoutons : de prospérité pour la ville". Il est élu sans liste d'opposition mais a t'il fait un gros effort de réconciliation par la suite ?
Son élection pour un nouveau mandat en 1900 se passera aussi sans liste d'opposition.
Il avait une excellente occasion pour établir la paix en 1901 après son accord avec l'évêché sur la réduction de l'église, ou tout au moins pour isoler ses plus irréductibles ennemis.
Son attitude après le décès du docteur Tagnard est peu compréhensible, en 1909 dans une période de réélections faciles, la motivation de son refus de subvention pour un monument est terrible, elle a forcément choqué de nombreux murois qu'ils soient partisans ou adversaires de l'un ou de l'autre. Il ne s'était jamais gêné de critiquer l'inaction politique de l'ancien maire et en cette triste occasion il aurait dû être plus mesuré. Il est probable que pour certains de ses électeurs, ce geste a été de trop et que leur vote lui a manqué en 1912.

Pourquoi après plusieurs élections sans problème est-il battu en 1912 ? On peut apporter des éléments de réponse :
- Il a été malade pendant son dernier mandat, il ne se représente pas en 1910 à l'élection des députés. Certains électeurs, même s'ils lui sont reconnaissants du travail accompli, doivent penser qu'il faut passer à une autre étape.
- La situation politique a énormément changé depuis sa première élection, il était, en 1886, en temps que républicain à gauche mais au fur et à mesure il est apparu des partis toujours plus à gauche, radicaux socialistes puis socialistes qui fonderont la SFIO en 1905 (plus tard il y aura les communistes qui fonderont leur parti en 1920). Ceci étant, Chion-Ducollet, se retrouve au centre, il est probablement charitable envers les pauvres mais il n'est pas pour les nouvelles idée sociales, il combat l'idée de collectivisme. L'extrême gauche lui est très hostile, il est le prototype du maire, notable riche, décidant de tout, qu'elle ne supporte plus et elle n'hésite pas à signer un accord contre nature pour s'en débarrasser tout en prenant pied dans le conseil municipal pour pouvoir plus tard exercer le pouvoir.
- En vieillissant son caractère ne s'est pas amélioré, il fait des procès plutôt litigieux à MM. Sauzières et Tardy, l'architecte et l'entrepreneur de l'installation des égouts, il a un comportement contestable lors du décès d'André Tagnard, ses réparties égocentristes aux basses attaques ne relèvent pas le débat... Il est peut être le propre responsable de sa défaite.

Un mot sur son anticléricalisme, était-il aussi excessif que sa légende le prétend ? N'était-il pas le reflet du cléricalisme du parti en face ? Il faisait appliquer les lois votées par l'Assemblée Nationale qui ne ne plaisaient pas au clergé. Par exemple, décider que les cimetières devaient être ouverts à toutes les confessions était plus logique que continuer à prétendre qu'un cimetière était "pollué" par le cadavre d'un nouveau-né non baptisé. La paix religieuse est revenue avec Monseigneur Henry, évêque tolérant contrairement à Monseigneur Fava. Il faut aussi rappeler qu'il était un admirateur du père Eymard.



Le Conseil municipal, dont le maire est Paul Décard son ancien clerc puis successeur à l'Etude, dans sa session du 12 décembre 1924, donne le nom de Chion-Ducollet à l'ancien cours du Rondeau et à une partie de la rue des Fossés. Une reconnaissance a minima, il méritait beaucoup plus, par exemple une statue devant sa mairie !


Une plaque mal orthographiée !

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