Chion-Ducollet et
   La Mure - 1880 à 1914
- Introduction
- Débuts en politique
- La conquête du pouvoir
- Maire de 1886 à 1912
- 25 ans de construction
- Les finances
- Mine et Municipalité
- CD et Dr Tagnard
- Maire et Curé
- CD et le Père Eymard
- Maire et Conseil
- Voyages à Paris
- Les procès
- Les autres mandats
- Fêtes
- Villa
- Après la défaite de 1912
- Conclusion
Annexes
- Déroulement de l'étude
- Idées reçues
- Industries en 1840
- Chansons et poèmes
- La Mure en 1900
- Armoiries de La Mure



Le déroulement de l'étude


Ma curiosité pour Chion-Ducollet est venue par la géologie. Une carrière n'est pas uniquement un affleurement de roches mais aussi des ouvriers qui ont passé du temps à tailler de la pierre pour permettre des constructions modestes ou prestigieuses. De même un monument n'est pas seulement un assemblage de blocs mais la réalisation de l'imagination d'un ou plusieurs individus pour satisfaire tel ou tel usage. A La Mure l'étude des bâtiments nous amène quasiment toujours à un même nom : Chion-Ducollet.
Ce personnage est mal connu des Murois, à l'évocation de son nom les réactions étaient au mieux "anticlérical" et/ou "affaire des robes blanches" et non "collège, capucins, mairie, lavoirs...". Mémoire d'Obiou ne lui consacre qu'un article sur ses 17 premiers numéros, malheureusement sur le folklore :" L'affaire des robes blanches de La Mure" dans le numéro 9.
Interpellé par ce hiatus plutôt caricatural je suis entré insidieusement dans une longue recherche que j'ai voulue assise sur des documents originaux et non sur des écrits issus de copier-coller à l'origine douteuse.

1. Comptes rendus annuels de la municipalité

Tout au long de ses mandats, Chion-Ducollet publiait annuellement un compte rendu, la brochure pouvait atteindre une centaine de pages. Celui de 1911 est particulièrement intéressant, 212 pages dont une centaine donnant un inventaire de toutes les réalisations (testament ?). Ces rapports constituent une mine de renseignements. Il est bien évident que Chion-Ducollet commente à son avantage et n'hésite pas, aux moments des élections, à accabler ses opposants en leur rappelant leur incapacité et leur bilan désastreux en 1886.
Chion-Ducollet se donne le beau rôle et les opposants qualifient ces brochures de "propagande", ils y répondent parfois en publiant des pamphlets le plus souvent anonymes qui trop outranciers ne nous apprennent pas grand chose, même les bulletins signés par Romain Tagnard, totalement opposé à toutes réalisations et décisions, ne sont pas convaincants. On ne sait pas encore que ce dernier a approuvé officiellement le programme lors de la profession de foi des élections de 1886 et lors des premières séances du conseil municipal et à ce propos une phrase de Chion-Ducollet sur son principal opposant nous laisse perplexe : "On chercherait en vain, durant son séjour aux affaires publiques l'exécution d'un projet dont il pût revendiquer la paternité. Il a, au contraire, combattu la construction des écoles de filles, la construction de l'école de garçons, la construction de l'Hôtel de Ville, après avoir signé un programme comprenant toutes ces constructions".

Après cette première étude, si l'on a connaissance de l'oeuvre de Chion-Ducollet, il se pose nombre de questions sur le détail des conditions de ces réalisations et sur la réalité des rapports entre les différentes forces.
Un point étonnant : ces brochures étaient distribuées largement, pourquoi autant d'erreurs grossières dans l'histoire transmise jusqu'à aujourd'hui ?

2. Archives de la mairie de La Mure

La série 1M nous apporte de nombreux renseignements sur les constructions : projets, devis, cahier des charges, les matériaux employés, les premières pierres,la surveillance des travaux, les inaugurations, les problèmes avec les entrepreneurs, les procés...

Dans la série K on trouve les procès-verbaux des élections municipales mais rien sur les campagnes électorales, les listes de candidats et les professions de foi. On ne s'explique pas la présence du Docteur Tagnard au premier conseil, on ne peut l'imaginer que comme opposant, même si cela pose question, vu ce que nous racontent les chroniqueurs y compris Victor Miard, le plus sérieux, qui fait remonter à 1883 la rivalité entre Ficelards et Chionards alors que cela ne se produira qu'en fin 1887.

Les registres de délibération nous apprennent beaucoup sur Chion-Ducollet, deuxième adjoint en 1882 et président de la commission des écoles, mais on a du mal à imaginer ce qui se passe entre les conseils comme par exemple dans quelles conditions le docteur Tagnard élu à la présidence de la commission des écoles a cédé ce poste à son adjoint.
On reste sur notre faim pour la période entre la démission de Chion-Ducollet et la dissolution du conseil par le Préfet. Nous verrons plus tard qu'elle fut pourtant très animée !

Sous les mandats de Chion-Ducollet les registres de délibération sont très bien tenus et riches : 3987 pages sur 8 volumes. C'est une mine de renseignements mais il manque "la petite histoire", tout est bien lisse dans ces conseils sans oppositions avec ce maire qui expose le problème, donne la solution et le financement et obtient le vote du conseil admiratif d'où les éloges mutuels à maintes reprises.

3. Archives départementales de l'Isère

Parmi les nombreux dossiers consultés, 2 découvertes qui répondent à des questions posées depuis le début et qui constituent des révélations qui permettent de réécrire notre histoire de façon non caricaturale :
-- On peut connaître enfin le mandat de 1884 interrompu du fait de la zizanie au sein du conseil, celle-ci étant, de l'extérieur, manipulée par Chion-Ducollet qui veut et va conquérir le pouvoir. On apprend avec surprise que c'est avec une certaine complicité du docteur Tagnard (cotes 16M153 et 171), il sera d'ailleurs sur la liste qui amènera le nouveau maire au pouvoir en 1886 et votera le programme ambitieux de Chion-Ducollet.
-- Un dossier sur le cimetière nous raconte les différents agrandissements de 1828 à 1923 mais surtout nous éclaire sur les relations Chion-Ducollet - préfet - abbé Morel - diocèse, ce qui nous conduit à raconter l'histoire de la guéguerre entre le maire et le curé d'une façon plus équilibrée (cote 2O269/8).

4. Archives privées

Une correspondance de Chion-Ducollet avec son cousin Auguste Chion pendant la guerre nous apporte de précieux renseignements sur ses activités et son influence qui restent importantes après sa défaite. Elle nous montre aussi l'homme dans son intimité.

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