Chion-Ducollet et
   La Mure - 1880 à 1914
- Introduction
- Débuts en politique
- La conquête du pouvoir
- Maire de 1886 à 1912
- 25 ans de construction
- Les finances
- Mine et Municipalité
- CD et Dr Tagnard
- Maire et Curé
- CD et le Père Eymard
- Maire et Conseil
- Voyages à Paris
- Les procès
- Les autres mandats
- Fêtes
- Villa
- Après la défaite de 1912
- Conclusion
Annexes
- Déroulement de l'étude
- Idées reçues
- Industries en 1840
- Chansons et poèmes
- La Mure en 1900
- Armoiries de La Mure

Rapports entre la mine et la municipalité
L'impact sur les comptes publics

Le but de cette page est de signaler l'énorme erreur propagée par une revue qui devrait être exemplaire car se voulant de référence. Le Patrimoine en Isère, Valbonnais Matheysine Beaumont Pays de Corps, écrit page 85 :


Nous ne réargumenterons pas sur cette idée reçue (malheureusement reprise dans d'autres écrits), la situation financière pour le moins difficile, à cette époque, étant bien établie et explicitée dans les pages précédentes.

Il n'y a jamais eu de mine ni de charbon sur le territoire de La Mure..

Mais cela nous donne l'idée d'étudier les rapports qui existaient à cette époque entre la mine de la Motte d'Aveillans puis du Villaret après 1905 et la municipalité de La Mure et de voir à partir de quand il y a eu impact de l'activité de la mine sur les comptes publics.
Nous allons noter, au fil des délibérations du conseil municipal, les mentions à la mine.

La première mention du mot "mine" au conseil du 31 mai 1902 (Vol 8, page 314) dans une étude prospective : Alphonse Besson, un partisan de la majorité, qui possède des terrains tout autour du collège et dans la partie ouest de La Mure, propose de vendre à la municipalité les terrains qui permettraient d'ouvrir des voies pour une extension future de la ville.

Considérant
- que l'exécution du projet d'adduction d'eau potable et l'ouverture prochaine à l'exploitation des mines d'anthracite de Simanes, des Chuzins et du Villaret vont placer la ville de La Mure au centre du bassin anthracifère et déterminer son agrandissement.
- que les divers barrages sur le Drac et la Bonne pour la création de chutes et le transport à longue distance de l'énergie électrique ne laissent place à aucun doute qu'il s'ensuivra un développement industriel et commercial comportant le développement de la ville du côté sud...

Dans les projets à l'étude en 1907 sous le titre "Extension de la Ville - Mise en exploitation des mines d'Anthracite du Villaret et de Nantizon :

La Compagnie des Mines de La Mure a mis la main à l'oeuvre à une importante exploitation au quartier du Villaret, à 1 500 mètres de notre ville.
De ce fait la ville de La Mure prendra forcément de l'extension pour les logements des employés et des ouvriers.
Le bien être dont jouissent les habitants de La Mure sous le rapport de l'alimentation en eau potable, l'éclairage électrique, et autres commodités fort appréciables, amènera forcément le développement de notre cité et de son commerce.
La municipalité y aidera de tout son pouvoir.

En 1908, la municipalité ne sait trop que faire de l'ancien presbytère. Chion-Ducollet propose à M. de Renéville de l'acheter pour installer des bureaux des mines ou y loger des employés. Offre refusée.

Lors d'une grève des mineurs en 1910 des incidents se produisent à La Mure, une bombe chargée de dynamite est placée devant la porte de l'ingénieur des Mines, rue des Fossés qui crée de graves dégâts :

Il n'existe pas de concessions de mines sur le territoire de La Mure et nous avons pensé que cette Ville devait être épargnée de troubles possibles, avec leurs conséquences financières, lorsque les dégâts doivent être payés par les communes.

En 1912, Chion-Ducollet étant remplacé par Louis Second, apparaît sur le budget primitif de 1913 une recette nouvelle Attribution sur redevances des mines 482,84 francs , puis chaque année, 1914 = 7,16 francs ; 1915 = 490 francs ; 1916, 1917, 1918, 1919 = 500 francs.

Au conseil du 28 novembre 1915 :
"M. de Renéville, Président du Conseil d'administration au nom et pour le compte de la Cie des mines de La Mure a formé une demande tendant à obtenir l'autorisation nécessaire pour construire une série de maisons ouvrières, quartier du Priolet et à l'obtention de l'alignement nécessaire par la Voirie municipale."
Une transaction est approuvée. Les premières maisons sont construites de 1915 à 1924, l'architecte est Florentin Nublat de Grenoble et dans un premier temps l'entrepreneur est le murois Augustin Court qui sera remplacé, suite à des non-respects de normes, par Marius Dotto de Grenoble.

Les autres cités ouvrières viendront plus tard : les Thénevaux de 1924 à 1926, le Pré des Moines de 1926 à 1928, le Pré Lambert de 1930 à 1932 et les Bastions de 1940 à 1950.


Des prisonniers allemands participent à la construction de la cité des Priolets
La photo est empruntée à l'article de Guillaume Benoist, La Matheysine dans la Grande Guerre, Mémoire d'Obiou N°19.
En fonction des dates données ci-contre, plutôt 1916-17 que 1915.


En résumé, il n'y a pas eu d'interaction entre la Compagnie des mines et la municipalité durant les mandats de Chion-Ducollet, elle n'a commencé à être significative qu'après 1920.
On retombe sur ces conclusions en examinant la courbe de production des mines et celle de la population des villes du bassin houiller.




Seules les concessions de La Motte d'Aveillans et de Susville (Peychagnard/Le Villaret) ont été productives, les autres après des travaux parfois importants de prospection se sont révélées non intéressantes.
Les évolutions des populations sont bien corrélées à celles de la production.

L'exploitation a commencé à La Motte-d'Aveillans avec un charbon de bonne qualité en surface ou peu profond; L'augmentation de la population a été importante puis a évolué comme la production.
Le potentiel du Villaret était connu, avec une qualité moindre (plus de fines), plus profond et faillé, l'exploitation a commencé plus tard. La population de Susville est resté en hausse.
Vers 1920, alors que la production Motte-d'Aveillans était en diminution, celle du Villaret prenait le relais en augmentant fortement. La Mure commençait à accueillir les nouveaux mineurs.

Le "Grand Annuaire de l'Isère de 1891" nous donne des indications sur les mineurs et confirme notre thèse :
- A la Motte d'Aveillans on dénombre 162 mineurs et 19 employés des mines (63 agriculteurs)
- A Monteynard, 6 mineurs (20 agriculteurs)
- aucun mineur à La Mure (300 agriculteurs)
Quid sur les paysans-mineurs ? Les transports de La Mure à La Motte rendent, à l'époque, ce statut improbable.

Il ne faut pas perdre de vue que la période importante de la mine est plus récente et a été courte :
- 1943 : creusement du puits des Rioux
- 1946 : la nationalisation, pour se relever la France a un grand besoin du charbon. Il faut remarquer que notre mine n'était pas dans la première liste des mines à nationaliser, elle a été rajoutée plus pour des raisons politiques que techniques.
- 1946/49 : creusement du puits du Villaret
- 1960 : La part du charbon dans la création d'énergie est passée de 80 % en 1945 à 56 % et l'on peut se fournir à un prix inférieur au prix de revient français. Le général de Gaulle annonce la diminution de la production.
- 1966 : maximum de la production locale
- 1968 : annonce de fermeture de la mine, on ne cesse d'accumuler les déficits.
- 1983 : déficit de 750 millions de francs pour les Charbonnages de France, (135 millions de perte l'année précédente somme équivalente aux pertes d'exploitation des Houillères du Dauphiné) avec un endettement de 15 milliards de francs.
- 1992 : 385 salariés
- 1997 : arrêt définitif après de nombreuses tergiversations politiques et syndicales.

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