Chion-Ducollet et
   La Mure - 1880 à 1914
- Introduction
- Débuts en politique
- La conquête du pouvoir
- Maire de 1886 à 1912
- 25 ans de construction
- Les finances
- Mine et Municipalité
- CD et Dr Tagnard
- Maire et Curé
- CD et le Père Eymard
- Maire et Conseil
- Voyages à Paris
- Les procès
- Les autres mandats
- Fêtes
- Villa
- Après la défaite de 1912
- Conclusion
Annexes
- Déroulement de l'étude
- Idées reçues
- Industries en 1840
- Chansons et poèmes
- La Mure en 1900
- Armoiries de La Mure

25 ans de constructions et travaux
Une transformation de La Mure


Une partie de La Mure en 1890/91
Le collège et les Capucins sont construits, la mairie est en construction tout près de l'immeuble dit "de Prégentil" (point rouge) qui sera démoli en 1910.
L'église ne sera consacrée et transférée qu'après complète finition à la Municipalité en 1900.
Au centre, au premier plan, la cheminée de la machine à vapeur pour la production de l'électricité.

L'enseignement

Le collège

Chion-Ducollet avait initié le projet du collège, il en lance la réalisation dès son élection. Voir dans "Constructions" la page collège

Problèmes avec l'entrepreneur

Les cahiers des charges sont très détaillés : provenance des matériaux, leur qualité, la composition des bétons... Le calcul du prix est fait en tenant compte de toutes les opérations. L'adjudication d'une tranche est accordée à celui qui fait le meilleur rabais. Chion-Ducollet embauche un surveillant des travaux, M. Montant, sur les conseils du préfet et du maire de Grenoble, c'est un Grenoblois à la retraite. Celui-ci tiendra un registre des "ordres de service" où chaque malfaçon ou mauvaise méthode de travail est signalée.
C'est François Pradourat qui fait le meilleur rabais et qui emporte la tranche principale, la maçonnerie. Chion-Ducollet écrira plus tard que Pradourat a été beaucoup aidé par la municipalité pour être adjudicataire et ensuite pour assurer son travail :
- César Joubert, adjoint, lui a prêté 9 000 f pour le cautionnement le jour de l'adjudication pour qu'il puisse soumissionner.
- Les propriétaires des carrières se sont coalisés pour faire un prix de 5 F par m3 alors que le prix de détail ne dépassait pas 4 F. Chion-Ducollet l'a aidé à ouvrir une carrière près de Simane proche du collège, ce qui a permis une grosse économie, puisque le m3 revenait à 2,5 F.
- Pour aller chercher l'eau à la rivière il fallait trois attelages et un matériel spécial. M. Pradourat a été autorisé à amener de l'eau de la ville sur le chantier sans rétribution.
- Durant les deux années de la construction, la caisse du Maire lui a prêté, à plusieurs reprises, 10 à 12 000 F sans intérêt, pour faire la paye des ouvriers. Des adjoints ont été amenés à faire de même mais avec un intérêt légal.
Mais malgré toutes ces « complaisances » l'entrepreneur se révèle peu fiable, M. Montant fait de nombreuses remarques sur le registre. A lire la fréquence et la répétition de ces injonctions, M Pradourat ne semble pas très réactif. A la réception des travaux, la liste des malfaçons sera longue. L'architecte, M. Bianchi lui envoie une lettre en juin 89 signalant 28 points à corriger. On peut lire en commentaire " Non exécuté, pas même une réponse, rien de rien".
Pradourat va causer beaucoup d'autres ennuis au maire puisqu'il va faire un procès dont nous relatons les péripéties plus loin, les comptes de la construction du collège ne seront arrêtés qu'en 1896.

Les dons de l'architecte

L'architecte Séraphin Bianchi va payer de ses deniers personnels l'horloge monumentale à deux cadrans, une serre à fleurs dans le jardin des élèves et des bornes moulées pour recevoir des vases à fleurs :

Enfant de La Mure, l'architecte lui doit un hommage pour la distinction et la confiance dont l'a honoré son pays natal.
Pour satisfaire à ce devoir filial et comme témoignage de reconnaissance, les objets désignés dans ce mémoire montant à 3 762,30 francs et placés dans le collège de garçons sont ici offerts à la Ville à titre gracieux, avec prière à M. le Maire et MM. les Conseillers Municipaux d'accueillir favorablement cet humble hommage, que leur présente respectueusement le soussigné, architecte du collège.
La Mure le 6 avril 1894
Signé : Bianchi


L'école Pérouzat, maternelle et filles

Le projet de cette école était bien connu de Chion-Ducollet qui veut le réaiser rapidement mais le dossier a disparu ! Il sera retrouvé dans les archives. Pour acquérir les immeubles à détruire, un décret d'utilité publique est déclaré, puis les expropriations, quelques cas ne sont pas réglés à l'amiable mais par procès, les indemnités sont voisines aux prix proposés par la municipalité.
Voir dans "Constructions" la page Ecole Pérouzat
M. Perrier qui a une maison mitoyenne avec une maison concernée par la démolition va intenter un procès qu'il perdra.


L'école de garçons aux Capucins

Voir dans "Constructions" la page Ecole des Capucins.


Cours complémentaires de jeunes filles

Ce n'est qu'en 1906, soit après 20 ans de mandat que Chion-Ducolet réalise le dernier point de son projet pour l'enseignement, à savoir installer le cours complémentaire de jeunes filles dans un bâtiment spécifique en profitant du départ du château de la congrégation après la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Voir la page Cours complémentaire de jeunes filles


Les bâtiments publics

L'Hôtel de ville

Voir la page hôtel de ville
En 1889 Chion-Ducollet décide, de construire un bel et imposant hôtel de ville.
« L'Hôtel de ville et la Justice de paix intéresse toutes les communes du canton. Il faut un local convenable pour les magistrats et pour les justiciables qui se rendent au chef-lieu, soit pour les Conseils de famille, soit pour les audiences. Il faut un local convenable pour le tirage au sort, pour le conseil de révision. »
Les plans sont faits en 1889-90 par Jules Besson, architecte, le devis s'élève à 180 000 F, il n'est pas possible d'avoir une subvention contrairement aux bâtiments scolaires, la commune doit faire un emprunt de 170 000 F. Pour aider l'amortissement l'octroi « a subi une petite augmentation ».

Au conseil du 1er juin 89 Chion-Ducollet présente les rapports du ministère sur le projet, il est euphorique car il a en mains le rapport favorable du Conseil Général des bâtiments, signé Ch Garnier, "Garnier du Grand opéra" "La Mure ne peut que se féliciter de l'insigne honneur, fait au projet dont il s'agit, par M. Garnier ".
Ce rapport fait surtout des remarques de détail, notamment sur la situation et le nombre de "closetts", mais en conclusion il y quelques lignes sur l'aspect général :

Il ne reste plus qu'à dire un mot de la façade et de la coupe, qui, toutes deux, sont étudiées avec soin et avec goût et qui dénotent chez leur auteur un talent artistique fin et délicat. Je n'ai donc qu'à en louer le parti et en approuver la composition et les proportions.

L'entrepreneur donne une facture supérieure de 7 000 francs par rapport au devis, il intente un procès à la ville, Chion-Ducollet refusant tout dépassement.

Les abattoirs

Le vieil abattoir qui "tombait de vétusté" et d'une "malpropreté repoussante" est restauré et réaménagé.
Un deuxième abattoir pour les porcs, avec une triperie, est construit. Jusqu'alors l'abattage et la découpe des porcs se pratiquait "sur les trottoirs et dans les rues, chacun au devant de chez soi, faits déclarés et reconnus contraire à la morale et à l'hygiène". La municipalité édite un règlement de police sur les abattoirs, la boucherie et la charcuterie. Les bouchers et charcutiers de la ville, en désaccord, portent plainte auprès du préfet. La commission du Conseil départemental d'hygiène publique leur donne tort et approuve les bonnes conditions d'hygiène des nouvelles installations.
La dépense pour ces travaux se monte à 8 000 francs (budget de 1898).


Les services municipaux

Le cimetière

L'avenir du cimetière est décidé lors du conseil du 26 mars 1887. M. Brachon donne la conclusion de la 2e commission : "le conseil décide qu'il y a lieu d'agrandir et non de déplacer le Cimetière actuel, soit par respect pour les morts, soit par esprit d'économie ."
Le cimetière occupe un bel emplacement qui serait très adapté à une extension de la ville, il n'est pas fait mention des discussions ou de votes pour ce sujet important qui était en quatrième position du programme électoral.
Le terrain nécessaire à l'agrandissement est situé sous le cimetière actuel et le jardin du presbytère (plan ci-dessous). Il appartient à Marcel Reymond "le richissime propriétaire de La Mure, fils de l'ancien maire, Louis Reymond". A l'expropriation, pour cause d'utilité publique, il demande 24 600 francs, le jury lui accorde 9 110 francs.
Les travaux d'agrandissement sont exécutés en 1888, le coût total s'élève à 20 000 francs. Chion-Ducollet rédige un "Règlement général et Tarif" en 53 articles. Les concessions de places vont donner une nouvelle source de revenus pour la municipalité (3 000 francs par an). Mais "les bourgeois de la Mure , qui s'étaient partagés les meilleures places du cimetière, n'acceptèrent pas certaines dispositions du règlement qui portaient atteinte à leur privilèges". Ils firent un procès. Le Conseil d'Etat leur donna raison par arrêt de 1893 et maintient leurs privilèges.
Dans son bilan en 1911 Chion-Ducollet réécrit un peu l'histoire : La faute première de cette perte énorme, en incombe à la majorité du Conseil municipal du 18 décembre 1886 qui, par 19 voix contre 4, refusa de transférer le cimetière hors de la Ville, ainsi que le proposait le maire Chion-Ducollet. S'il avait été vraiment convaincu de la nécessité du transfert du cimetière celui-ci aurait eu lieu. A noter l'erreur sur la date de la décision, ce n'est pas lors du premier conseil le 18 décembre 1886 mais de celui du 26 mars 87 qui ne mentionne pas le vote ni le détail des discussions.

En 1902, après la démolition d'une partie de la nef, suite à l'accord entre Chion-Ducollet, Monseigneur Henry et la Congrégation du Saint Sacrement, on construit un pavillon d'habitation pour le gardien et des bâtiments annexes pour remiser le char funèbre et le matériel des pompes à incendie.

En 1911, le projet du chemin de fer de La Mure à Gap nécessite un nouvel alignement du G.C. n°114, avenue de Nantes pour l'emplacement de la voie ferrée. Il faut reculer le mur nord du cimetière et transférer les tombes adossées à ce mur.
"Après de multiples négociations, une entente amiable est intervenue entre les membres de quinze familles qui possèdent des concessions de sépultures sur cet emplacement, et des conventions ont été signées par tous les intéressés."

carte agrandissable

Le projet du nouveau cimetière, carte de 1887.





En 1913, pose des rails - la maison du gardien construite en 1902.


L'éclairage public

"Antérieurement à 1892, l'éclairage public des rues et places était fait au moyen d'une essence à base de pétrole, appelée gaz hydrocarburé, que fournissait un M. Roch, négociant à Avignon. Cet éclairage avait lieu au moyen de 56 lampes placées dans des lanternes que le vent éteignait facilement. Il avait lieu d'octobre à fin mars, soit durant 6 mois de l'année, de la chute du jour à 11 heures du soir, mais seulement les jours où il n'y avait pas de lune."

Dès 1887, la municipalité "a songé à l'éclairage électrique, découverte scientifique toute récente dont l'installation paraît facile et peu coûteuse, en raison des chutes d'eau qui nous entourent à de courtes distances."
Le 7 février 1892, l'éclairage électrique arrive à La Mure. Il ne provient pas d'une chute d'eau mais d'une machine à vapeur. Il fonctionne tous les jours jusqu'à minuit. La ville est éclairée par 120 lampes publiques.
En 1910, il y a 146 lampes dans les rues, places, lavoirs publics, chalets de nécessité et urinoirs, pendant toute la nuit.

Dans cette opération, Chion-Ducollet s'est montré bon stratège, il veut de l'électricité au meilleur prix mais sans faire participer la municipalité à la production de cette électricité. Aussi il encourage la création d'une société anonyme. La recherche des actionnaires a été laborieuse, quelques conseillers municipaux participent, les habitants les plus aisés, adversaires de la municipalité ne veulent pas acheter des actions.
Les travaux commencent en septembre 1891. L'électricité ne sera pas produite par une chute d'eau à Ponthaut car le projet est trop onéreux mais par une machine à vapeur installée dans une ancienne usine de cardage de laine dans le clos des abattoirs, près de la Jonche (en premier plan, au centre, sur la photo de haut de page, on voit la cheminée). Pendant 10 ans la vie de la société est difficile, elle frôle la liquidation à plusieurs reprises, les actionnaires doivent remettre des fonds et sont privés de dividendes, les abonnements de particuliers sont rares, leur prix bien que plus faibles qu'à Grenoble sont trop élevés pour La Mure.
La société abandonne la production en 1901 et achète l'électricité à la "Société Hydro-Electrique de Vizille" et la revend. Le prix des abonnements est abaissé ce qui contribue à l'augmentation des clients. La société a enfin un bon équilibre financier.
"Notice historique sur la société anonyme d'éclairage électrique de La Mure", par le Conseil d'Admistration pour ses Actionnaires et ses Abonnés, 1912, 36 pages.


La santé - l'hygiène publique

Les premiers arrêtés

Les premiers arrêtés concernent la propreté de la ville, ils doublent partiellement ceux pris par les maires précédents mais la différence est que Chion-Ducollet se donne les moyens de faire respecter ses décisions. :
- Vidange des fosses d'aisances et à purins après 11 heures du soir et avant l'aube.
- Vidange des fumiers des écuries et des étables interdite de 7 heures du matin à 11 heures du soir
- Les entrepôts de fumiers et d'ordures devant les habitations sont interdits. Ils ne peuvent exister qu'à 200 mètres au moins des habitations hors la ville et à 50 mètres des promenades et avenues.
- Obligation de se servir de caisse à balayures à placer devant la porte avant le passage du boueur. Obligation pour les habitants du rez-de-chaussée de balayer la voie publique, chacun au droit de soi, jusqu'à l'axe et de placer les résidus dans une caisse spéciale.

La loi du 15 février 1902 relative à la protection de la santé publique donne des pouvoirs au maire, il peut intervenir même dans le domaine privé. Chion-Ducollet prend un arrêté interdisant l'écoulement des eaux ménagères non seulement sur la voie publique mais aussi dans les cours intérieures.

L'adduction d'eau

Une brochure écrite par l'architecte J. Humbert, sous l'égide de la Municipalité : Notes historiques sur les eaux d'alimentation de la Ville de La Mure retrace l'historique de l'approvisionnement en eau depuis le siège de la Mure (on ne connaît pas la situation antérieure, les archives ayant brulé), les recherches et la découverte des eaux près de Pierre-Châtel, ce qui va totalement changer la vie des Murois. On passe de 80-200 litres/minute à 4 000 litres/minute.
On appprend que l'utilisation des Eaux du Rif-Bruyand, solution actuelle, avait été étudiée à l'époque mais avait été jugée trop onéreuse.
En 1901, Chion-Ducollet se rendit à Paris pour obtenir des divers ministères et comités techniques, l'approbation du projet, le décret d'utilité publique, l'autorisation d'emprunt de 300 000 francs (pas de subvention pour ces travaux). L'adjuducation est donnée au printemps 1902, en l'absence d'accord avec les propriétaires. Le Préfet, en vertu de la loi de 1892, a pris un arrêté d'occupation temporaire, en attendant l'expropriation. Les travaux débutent le 7 août. Tous les propriétaires concernés, sauf un, signent des traités amiables. Le 15 août 1903 les nouvelles eaux arrivent dans la Ville.
Cela valait bien une grande fête.
Mais aussi, ces travaux amèneront des procès.

Chion-Ducollet en fait une source de revenu, en 1911, il y a 457 abonnés ce qui apporte 11 000 francs au budget de la Ville.

Distribution d'eau, égouts, lavoirs, chalets de nécessité, urinoirs

Dès le début de 1903, avant l'adduction de l'eau, le conseil municipal décide l'exécution de travaux pour anticiper cette arrivée :
- Début du réseau d'égout
- Quatre lavoirs, le premier étant rue du jeu de Quilles, au dessous du viaduc à construire pour aplanir la place de la Mairie. A chaque lavoir sera annexé "un chalet de nécessité".
- Les abreuvoirs et lavoirs existants seront supprimés dès la mise en service des eaux.
Détail des réalisations
Les emplacements des urinoirs et des WC posent évidemment problème et une fois les décisions prises, des habitants protestent. Voir la réponse de Chion-Ducollet à une demoiselle mécontente.
Deux procès du fait de ces travaux, les procès Tardy (l'entrepreneur) et Sauzières (l'architecte).

L'Hôpîtal-Hospice

Le projet d'un hôpital-hospice apparaît dans le compte rendu de 1902 mais cette idée mûrissait depuis longtemps dans la tête de Chion-Ducollet. Mme Veuve Reynier lui avait offert son beau clos des Thénevaux d'une superficie d'un hectare. En 1887, M. Vogeli, député, lui avait fait espérer une subvention de 70 000 francs, bien insuffisante. En juillet 1901 l'inspecteur général des Services administratifs du Ministère de l'Intérieur vient en visite à la Mure qui encouragea ce projet et proposa de faire un hôpital régional (La Mure, Mens, Valbonnais) avec un hospice communal. Il approuva le choix du terrain et promit son concours.
Jules Besson, l'architecte de l'Hotel de ville propose de dessiner un projet, gracieusement, dans le cas où celui-ci n'aboutissait pas. En fin d'année 1991 il est soumis au Ministère de l'Intérieur. Un deuxième puis un troisième projet définitif avec devis et cahier des charges est soumis aux administrations.
Avant de réaliser ce projet il faut mener à bien les travaux en cours de recherche et adduction d'eau, un hôpital est grand consommateur d'eau. Une deuxième condition est le financement, l'emprunt pour l'eau rend impossible toute nouvelle participation financière de la ville, il faut trouver les subventions, elles viendront, en plusieurs fois, du pari mutuel
Voir la page hôpital-hospice.

Les Bains-douches


Les Bains-douches transformés
aujourd'hui en bâtiment administratif.
A l'avant l'accueil et la salle d'attente, les rangées de cabines sont à l'arrière. Le logement à l'étage.

Au conseil du 25 novembre 1909, le maire présente un projet de construction de bains-douches réclamés par la population. Un tel établissement existe depuis deux ans à la Motte d'Aveillans. L'emplacement choisi est à l'extrémité de la rue de l'Eglise près de la station des Etalons de l'Etat, le terrain est propriété de la ville. (Aujourd'hui Avenue Docteur Tagnard).
La commission d'études souhaitait y incorporer une buanderie publique pour supprimer le lavage du linge à la Jonche"dont les eaux sont polluées par tous les détritus du village de Pierre-Châtel". Souhait non retenu dans le projet final.
On compte sur une subvention du gouvernement venant des produits des jeux (loi du 13 juin 1907). Il n'est pas envisagé que la rétribution des baigneurs entraîne un bénéfice pour la commune, il faut simplement couvrir les frais de fonctionnement.

Le 22 mars 1911 tout est réglé, les autorisations ministérielles sont accordées, une subvention de 20 000 F pour un coût total de 55 000 F. Le lieu reste celui prévu malgré la demande ministérielle de choisir un lieu plus central ce qui aurait augmenté le devis. Les plans sont adoptés avec le logement du préposé au premier étage. Il n'y a pas d'adjudication publique mais un traité de gré à gré avec une société spécialiste de ces constructions de bains-douches, la société "Oeuvre Française d'hygiène" subventionnée par l'Etat, dont le siège est à Paris, sa compétence étant reconnue, une clause d'emploi des ouvriers locaux est prévue.

L'aménagement de la ville

Les rues

Dès le début et tout au long des mandats de nombreuses améliorations ont été apportées aux rues :
- le pavage en cailloux étêtés remplace le pavage avec des cailloux pointus.
- les jonctions des rues ne sont jamais de plain-pied mais avec un fossé ou un cassis, qui peuvent être dangereux et rendent la circulation difficile. Ces désordres sont petit à petit supprimés, avec construction d'aqueducs dans les cas les plus graves.
- Pose de bordures de trottoirs et caniveaux en pierre de taille (calcaire de Laffrey).
- Suppressions des recoins, foyers d'infection et d'ordures : démolition de quatre immeubles pour ouvrir le passage de la confrérie entre la place de la Confrérie (Docteur Béthoux) et la place Pérouzat, percée de la rue Neuve...
- Création de nouvelles rues ou avenues dans le nouveau quartier du collège
- Plantations de tilleuls ou érables sycomores le long des chemins de grande communication (route de Nantes, avenue de la République, boulevard des écoles...)

En 1905 sont publiés un règlement de la voirie en 148 articles et un arrêté fixant les droits de voirie.

Tous ces travaux qui nécessitent la suppression de certaines libertés prises par des habitants, qui occupent illégalement des parties publiques, amènent des procès-verbaux et des procès avec les plus récalcitrants. Nous ne mentionnerons que les deux procès suite au refus de deux des meilleurs ennemis de Chion-Ducollet qui ont tout tenté pour ne pas détruire leurs escaliers arrivant sur la rue Pierre-Grosse (rue Colonel Escallon).

Les places

A la suite des constructions d'écoles ou de bâtiments publics on réaménage et aère les alentours : place Pérouzat, place des Capucins en terrasse avec jeux de boules, jardin de ville en face du collège...
On supprime plusieurs maisons qui enserrent l'hôtel de ville, on construit un "viaduc" sur la rue de Jonche, véritable ravin, entre la place de la Liberté et la rue du Jeu de Quille pour aplanir et agrandir la nouvelle place Auguste Perret et sous le viaduc on construit un lavoir et un chalet de nécessité.
Chion-Ducollet transfère le marché au beurre sur cette place et prévoit pour le futur la construction d'un marché couvert. Une halle métallique sera construite par une municipalité suivante, elle sera supprimée dans les années 80.




Il reste une plaque sur la portion de rue qui n'existe plus !


Photo de gauche : les croix indiquent les maisons et le bassin démolis, 1 indique la rue de Jonche.
La photo ci-dessus montre au point 2 le rattrapage de niveau, la rue était 3,5 m en dessous du niveau actuel.

Les noms des rues et places, ainsi que les numéros des maisons, peints à la colle, avaient disparu.
Cet état de choses était gênant :
- pour le logement et le cantonnement militaire ;
- pour le service des postes et télégraphes ;
- enfin pour le dénombrement quinquennal de la population et l'application des impôts fonciers et des portes et fenêtres.
Des plaques indicatives ont été établies sur tôle émaillée, de même que les numéros des maisons, et placés par la Ville. Cet important travail a occasionné une dépense d'environ 3 000 francs

Le Plan d'alignement

Depuis trois siècles, les Municipalités qui se sont succédé à l'Hôtel de Ville ont reconnu le besoin d'un plan d'alignement absolument nécessaire dans une Ville. Au dix-neuvième siècle, nous citerons notamment les Municipalités Genevois, Lesbros et Reymond. Aucune d'elles n'a pu mener à bonne fin les entreprises faites en vue de ce plan d'alignement.
Nous avons la satisfaction d'y être arrivés en trois étapes, dont la dernière et définitive est 1911.
Il existe un plan de chaque rue, avec indication des bouches d'égouts et d'incendie. Ce plan est en quadruple exemplaires.
C'est là, disons-le sans orgueil, l'un des plus importants monuments de la Municipalité de 1886-1912, -- monument qui survivra durant de nombreux siècles !

Pendant les 25 ans de mandats 43 immeubles ont été démolis.

Anticipation sur l'extension sud de la ville

En 1902, Alphonse Besson, propriétaire de Champ Bruissant, un grand champ entre l'avenue Voltaire tracée dans les années 1830 (aujourd'hui avenue des Plantations), l'Avenue de la République, la croix Mitral et le départ du chemin de Cognet, fait à Chion-Ducollet la proposition de vendre à la municipalité les surfaces des voies futures de ce futur quartier.

Chion-Ducollet, avec sa vision à long terme de la Mure, reçoit cette proposition avec empressemnt :

Considérant que le Conseil se trouve dans l'obligation morale de prévoir les conséquences, au point de vue communal, de l'ouverture des mines d'anthracite de Simanes, des Chuzins et du Villaret, aux environs de la ville ; que l'adduction d'eau potable en abondane ne peut moins faire que de provoquer la constructions de maisons dans le quartier sud de la Ville om existent déjà le collège, la Caserne de gendarmerie, la manufacture de gants Perrin et la villa affectée à la lieutenance de gendarmerie.
Considérant que les conditions offertes à la ville par M. Besson ne sauraient vraiment être plus avantageuses sous tous les rapports : prix, délai de réalisation et de paiement et règles de construction à imposer aux acquéreurs de terrains à bâtir

L'accord final est rapidement fait entre M. Besson, Chion-Ducollet et le préfet.
La prévision des nouvelles voies :
- La première prolonge le cours du Rondeau jusqu'au bout de ma propriété de Champ Bruissant et se poursuit à travers le pré de l'Hospice, mas des Sagnettes . (La future Avenue Général de Gaulle)
- La deuxième part de la Croix-Mistral sur l'Avenue de la République et rejoint l'ancien chemin de Cognet. (La future Avenue Paul Décard ?)
- Ces deux grandes artères auront une largeur de quinze mètres.
- Une autre voie perpendiculaire de l'Avenue de la République à la première voie à ouvrir aura une largeur de douze mètres.
(Impasse de la République ?)
Le paiement n'aura lieu qu'a la possession et au plus tard dans 15 ans. Ces routes concernent 7 400 m2 à 1,25 francs le m2.
Il y a 11 clauses à respecter pour la construction uniquement de résidences, sont interdits les ateliers, les élevages, les écuries, les puits perdus...

Ces routes ne seront pas ouvertes sous Chion-Ducollet, c'est le nouveau maire qui aura à payer après 1912.

C'est Chion-Ducollet qui construit la première villa dans ce secteur. Il achète 1 700 m² à Alphonse Besson en bordure de l'avenue de la République en face de la caserne de gendarmerie.


Vers 1910, 1 : maison à l'emplacement du théatre actuel, peinte par Maurice Brétaudeau dans le tableau l'Obiou ; 2 Villa de Chion-Ducollet ; 3 : gendarmerie ; 4 : Ganterie


Montagnes pastorales de Serrioux et de l'Oullière

Le 12 juillet 1369 des seigneurs ruinés donnèrent à la Mure des terrains sur le flanc est du Pérollier et du Grand Serre.
Dans un rapport de 1788 les experts confirment les possessions de La Mure. Un nouveau procès en 1842 dépouille La Mure de certains terrains au bénéfice de Villard-Saint-Christophe pour une question de prescription. Les communes sur lesquelles sont les terrains murois : Villard-Saint-Christophe, Saint-Honoré, La Morte et Lavaldens en revendiquent une partie ou la totalité, les droits de passage posent aussi problème d'où de nombreux procès.
Cet avoir n'intéresse aucun maire, ils ne connaissent pas les limites exactes, la surface exacte.
Chion-Ducollet, en bon notaire d'origine paysanne, prend en main cet héritage. En 1903, avec l'accord des communes intéressées, il charge M. Boiton de procéder aux bornages. Ce géomètre se livre à un énorme travail pour retrouver des limites définies avec un vocabulaire plus utilisé et avec des interlocuteurs désireux de minimiser les possessions muroises dans leur commune. Tout ce travail est explicité dans un registre impressionnant et esthétique gardé aux archives de la mairie (les deux photos ci-dessous proviennent de ce document).
La Mure connaît enfin la superficie de ses biens : 290 hectares (elles étaient affermées pour une superficie de 74 hectares !).
Les différentes communes approuvent ce travail à l'exception de Lavaldens qui perdra son procès.
Chion-Ducollet fait construire 3 chalets pour les bergers, une bergerie-étable pouvant loger 2 000 moutons et fait aménager une source et améliorer les voies d'accès. Des travaux de drainage ont été exécutés afin d'assainir la partie marais qui a certaines périodes devient un lac. (Ils n'ont pas été complètement efficaces, aujourd'hui une partie reste en marais et tourbière).
Le domaine pastoral est estimé à 140 000 francs, le prix de fermage est passé à 1900 francs, avec une proposition de 3 000 francs pour la prochaine adjudication.
Voir les comptes rendus de la municipalité sur les montagnes de la Mure.



Chion-Ducollet devant l'ancien chalet en ruine. Il était construit sur le bord est dominant la vallée...


... et devant le nouveau construit à l'opposé du précédent à environ 1 km côté montagne.



La grange aujourd'hui



Le chalet aujourd'hui



La plaque déposée sur la grange lors de la construction

Aujourd'hui (juin 2014), le pâturage est d'excellente qualité, sa location est facile car les postulants sont nombreux. Le berger qui surveille un troupeau de 1000 moutons se dit très satisfait des conditions de travail dans ce pâturage où il n'y a pas de passage difficile ni d'endroit dangereux pour les bêtes. Il est ravi du confort du chalet qui a l'eau, l'électricité et tout confort. La source à proximité n'est plus utilisée et sa maçonnerie dégradée. L'étable est en mauvais état et mériterait une réparation.


Création ou réhabilitation de 30 chemins ruraux

Conformément à la loi du 20 août 1881, tous les chemins ruraux de la commune ont été reconnus, classés et numérotés.
Aménagement du "chemin des pauvres" à Cimon
Les chemins ont été élargis, rehaussés dans les parties inondées, construction de fossés ou égouts pour la récupération des eaux. La circulation des charrois est améliorée.

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